29 octobre 2007
1
29
/10
/octobre
/2007
18:22
CONCARNEAU,
DESCRIPTION DES DEUX VITRAUX DU XVEIME SIECLE .
photos ci-contre, les deux vitraux après restauration et tel qu'ils sont visibles dans la nouvelle église de Concarneau.
L'architecture des daies de Concarneau nous offre un plus, par rapport aux photos noir sur blanc de la vente Drouot, voir sur article suivant, sur le choix des verres qui sont soit teintés légèrement verdâtre, soit jaunâtre, travaillés à la grisaille et au jaune d'argent ,ce dernier plus ou moins clair suivant les panneaux et passant du jaune citron au ton orangé.
Les ombres portées en lavis sont irréelles. Le parti est celui d'un clair opposé à un sombre, bien que la dominante des clairs indique une lumière venant de gauche.
Trois frontons, très proche du gâble, avec oeils de boeuf, et surmontés d'un fleuron, forment la base de cette architecture représentant un chevet. Ils reposent aux extrémités sur deux culées tandis que le central est supporté par deux culs de lampes.
A l'étage supérieure, trois baies hautes à lancettes donnant sur un choeur fictif, sont surmontées de balustrades ajourées.
Au dessus, trois autres frontons cachent la naissance d'un clocher gâble dont la base est brisée par une oblique. L'un des clochers semble recouvert de lausses, tandis que le second est en pierre. Le tout avec fleuron terminal et monumental, et, arcs boutants avec culées surmontées de pinacles, se découpe sur un fond rouge pour l'annonciation et bleu pour le mariage de la Vierge. Ces couleurs sont reprises dans chaque scène pour le rideau de fond, rideau du temple, et les baies que l'on voit derrière.
L'ANNONCIATION.
Le lieu
La scène, ici avant restauration, se passe devant le rideau rouge à damas dont le dessin en grisaille est posé du côté intérieur. Ce rideau n'est pas sans rappeler le rideau qui ferme le Saints des Saints, mais peut être aussi celui que l'on dressait devant le choeur lors des représentations de mystère. Ce rideau se retrouve dans tous les vitraux des XVième et XVIième siècles derrière les personnages présentés dans des arcades .Doit-on en référencer à Saint Augustin qui dit que ce sont les apôtres qui nous ouvrent le royaume des cieux. C'était peut être cela au départ, mais c'est devenu très vite un style de présentation et une décoration spécifique d'époque, le rideau remplaçant la porte.
Le choeur de l'édifice apparaît derrière et est éclairé par trois baies à plein cintre sans réseau ni meneau, peut être pour appuyer sur la simplicité du lieu de l'annonciation,
dans la demeure de Marie
Deux colonnes à chapiteau octogonal, de couleur bleu clair, soutiennent la voûte d'un bleu plus dense. Celle ci est en croisée d'ogives avec clef. La baie centrale est entourée d'un décor parsemé de perles.
Le sol de la demeure de Marie est composé d'un damier noir et blanc.
Marie.
Elle est à gauche, à genoux devant un prie-Dieu où s'étale un livre ouvert indiquant son acquiescement à la volonté divine. Cette position du côté gauche est assez rare dans les représentations de l'Annonciation. Son buste se détourne vers l'Archange et la position du nimbe, peu fréquente, accentue ce mouvement. Le bleu choisi est différent des autres bleus du choeur.
Son visage est encadré de cheveux tombant sur les épaules, symbole de virginité. Un serre-cheveux orne le sommet du crâne. Une chemise blanche, rehaussée de jaune d'argent, comme les cheveux, est fermée par un cabochon entouré de perles.
Elle est habillée d'un manteau bleu recouvrant une robe rose.
Saint Michel.
L'archange est aussi à genoux, une chappe verte, décorée d'un orfroi au jaune d'argent agrémenté de cabochons et de perles, recouvrant une tunique blanche.
Le visage, de restauration fin XIXième ou début XXième, est surmonté de cheveux, au jaune d'argent, maintenus eux aussi par le serre-tête frontal avec la croix qui lui est presque habituel. Sa main droite s'approche de la Vierge tandis que la gauche tient un sceptre avec motif floral à l'extrémité.
Il est à noter que les mains ne prennent aucune pose iconographique. Elles ne présentent ou ne montrent pas le ciel et n'ont pas les trois doigts levés en signe d'allocution.
Seule la position du petit doigt de la main gauche peut intriguer, et, est cependant naturelle chez de nombreuses personnes, comme dans certains gestes comme boire du thé...
Pour, probablement, une question de composition, une seule aile , de couleur grise, apparaît du côté gauche de l'archange.
Séparant la Vierge du Saint Michel, des fleurs de lys sortent d'un vase. Malheureusement, seule la partie du panneau inférieure est d'origine, et ,nous ne pouvons connaître le nombre de lys qui y était.
Jusqu'au XViéme siècle, il était assez fréquent qu'ils soient au nombre de trois, voulant ainsi expliquer la triple virginitè de la Vierge: avant l'annonciation, pendant l'annonciation, et après.
Le Saint Esprit, si fréquent dans la représentation de cette scéne , est absent. Peut être la forme, en une sorte de V ornemental, du phylactère, dont la pointe gauche s'approche de Marie, a voulu y remédier. On peut y lire en lettres gothiques: Ave Maria Gratia Plena, puis .........Us Tecum, le reste disparaissant sous les entrelacs de cette banderole .
LE MARIAGE DE MARIE ET DE JOSEPH.
Ici le même rideau, mais bleu, laisse apparaître le même choeur avec ses deux colonnes, sa voûte à croisée d'ogives et ses trois baies dont une se devine derrière la mitre du grand-prêtre. Les deux baies visibles ne sont plus à plein cintre , mais à deux lancettes surmontées d'un réseau. Les couleurs de la voûte et des colonnes ont changé. Ces dernières ont pris la teinte de l'architecture du daie, tandis que la voûte utilise le rose du prie-Dieu de l'annonciation.
Le sol est à carreaux clairs, parsemés de très légères fleurs de lys, du moins sur les piéces d'origine.
Les acteurs du mariage sont au nombre de sept: le grand-prêtre, les deux époux, et les quatre témoins: deux hommes pour Joseph et deux femmes pour Marie.
Le grand--prêtre officie la tête chapeautée d'une mitre conique très large se terminant avec un fleuron et décorée de cabochons, de perles et de stries,rehaussés ici et là de jaune d'argent mal posé ce qui se révèle assez fréquemment dans les vitraux.
Ce genre de mitre , très commun dans les oeuvres du XVIième, se voit chez Fra Angelico au Musée du Jésu ainsi que dans les "Très Riches Heures" du Duc de Berry dans une scène de la purification. Sa couleur blanche peut être le symbole de la chasteté.
Ce même parti décoratif se renouvelle dans la même piéce de verre, du dessous du cou , sur ce qui peut être le col d'un surplis ou le départ d'un orfroi vite coupé par un manteau ou chape rouge.
De la main droite, et de la gauche, celle-ci portant une bague à l'annulaire,le grand-prêtre rapproche les mains droites des deux époux par dessus l'autel qui les sépare.Ce même geste se retrouve fréquemment et entre autres à Kerdevot en Erguè Gabéric, mais plus tardivement.
La Vierge Marie
Marie a encore les cheveux longs et dorés,mais plus ramenés, avec les mêmes vagues exécutées à la brosse . Le petit serre-cheveux de l'annonciation est toujours présent à la naissance des cheveux.
Le nimbe, quant à lui, a pris une autre position. Très en arrière, il démarre au bas du cou pour se terminer dans le prolongement du front vu de trois quart.
Dans un visage incliné, ses yeux accompagnent le geste des mains qui se rejoignent.
Elle porte le même manteau bleu et le même robe rose dont le bas laisse deviner deux pieds nus.
Un élément de son habillage est nouveau. On en découvre le départ autour du cou,et elle en tient un morceau de la main gauche. Malheureusement, une fois de plus, la pièce du bas, non d'origine,ne peut pas nous aider dans notre recherche.
Il sagit d'éléments de fourrure d'hermine dont l'apogée de l'utilisation se situe au tournant des années 15OO. De fourrure intérieure,(5) elle déborde sur les cols, les manches,et prend la forme entre autres d'écharpes.Symbole de pouvoir, elle est aussi celui de la pureté.(6)
Joseph
Il n'a pas de nimbe comme cela se voit dans plusieurs scènes de la Vie de la Vierge de Brennilis.Par contre l'artiste lui a donné un visage (7) très masculin, mais jeune, au nez fort, aux yeux vivants sous d'épaisses paupières. Comme pour Marie, la pupille est bien indiquée en noir. Il porte une barbe légère, courte, aux poils très drus. Ses cheveux, eux aussi courts, découvre l'oreille. Deux à trois rides ornent son front.
Le tout sur un morceau de verre rouge plaqué, pris dans la partie où la pellicule de rouge est la moins épaisse pour obtenir un rose. Mais cela a accéléré l'implantation de multiples cratères, comme on le voit dans le manteau rouge du grand-prêtre,qui ,enlevant le rouge-rose, lui offre un visage d'aspect vérolé.
Cette teinte, comme il est de coutume en ce XVèime siécle avant l'apparition de la sanguine, est souvent attribué aux hommes tandis que le blanc ou l'incolore est l'apanache des femmes. Dans le même esprit, il y a à Locronan, dans la verrière du chevet, une face de bourreau.
Joseph est habillé d'une robe bleu claire faite dans un tissu assez épais comme l'indique les plis du coude gauche. Une étoffe rouge, peut être un manteau, ou un drap,est porté en écharpe de l'épaule gauche à la hanche opposée avec une retombé dans le dos. Cela pourrait un manteau roulé pour plus d'aisance.
Sa main gauche tient la verge fleurie, suite à la prescription du grand-prêtre, qui voulant connaître la volonté de Dieu pour le choix d'un époux à Marie, prescrivit aux prétendants d'apporter chacun au Temple une baguette desséchée qu'ils placeraient sur l'autel, la verge qui fleurirait indiquant l'époux de la Vierge.
.NOTE
(5). Lettre de Katia Nacia Saladez du 2 .10 .1995.a
(6) Une vierge à l'enfant de la baie 129 de la cathédrale de Quimper porte un manteau bleu doublé d'hermine.
(7) Cette tête n'est peut être qu'une restauration d'une vingtaine d'années plus tard, car on peut y relever des traces de sanguine.
(5). Lettre de Katia Nacia Saladez du 2 .10 .1995.a
(6) Une vierge à l'enfant de la baie 129 de la cathédrale de Quimper porte un manteau bleu doublé d'hermine.
(7) Cette tête n'est peut être qu'une restauration d'une vingtaine d'années plus tard, car on peut y relever des traces de sanguine.