31 mars 2007
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Lundi tout est gris
ans la vieille cathédrale
Dans la musique angélique
Où cent ouvriers casqués
Bâtissent un échafaudage
Plus beau que ceux des fusées
Puis chez le maître verrier
Le raccommodeur
De lueurs anciennes
Au fond du faubourg
Choisissez bien votre verre
Bleu de cobalt rouge manganèse
Recouvrez-le de grisaille
Laissez sécher
Placez dans le soleil
Et Maintenant lentement
Avec un morceau de bois
Des aiguilles des plumes d'oie
Ou bien vos doigts
Faites fuser des lumières
Avec un pinceau de martre
Modelez cette paupière
Et la forme du sourcil
Et cette ombre de sourire
Passe un compagnon en blouse bleue, une rosace sous le bras, qui perd en chemin des bouts d'anges, de vierges, de rois,de draperies, d'auréoles. Tout est gris sauf leur tintement.
Rien n'est plus triste, père
Qu'un vieux vitrail hors de sa place
Car sa lumière et lui
Etaient inséparables
Sable et cendres font le verre, dit-il
Et le désert surgit
Où rien ne se gaspille
Sinon le temps
Cet instant de cent ans
Dans le désert il faut bien
Chaque jour sur le chemin
Glaner la moindre brindille
Si l'on veut faire un feu au soir
Suffit la mélopée
Il faut avoir des défauts
Pour faire jouer la lumière
Telle est la leçon du verre
Un visage de larron sourit
Qui ira au four cette nuit
Jean Pierre Abraham
Véronique Caroff
mai 1993
aux éditions Le temps qu'il fait
