les articles sur le vitrail, succèdent à des pages de croquis mémoires ou vise versa dans le but de ne pas fatiguer le blogueur.
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1900 – SOUVENIR DU TEMPS QUI PASSE –2000
la charrette et les autos
Notre vingtième siècle , celui de nos parents, de nos enfants, de la vie de la mort, que de
bouleversements et de changements, il a apportés avec son trop plein de guerres,
d'accidents et de maladies. C'est le siècle de la vitesse (Concorde, TGV...) et du gigantisme
(gratte-ciel, pétroliers, ponts, stades), celui des inventions et des progrès dans tous les
domaines, en médecine la tuberculose guérie, une meilleure hygiène, la vie prolongée, la
télévision, les satellites, les machines robotisées et ménagères, la conquête de la Lune, les
exploits sportifs, la traversée de l'atlantique à la rame, le tour du monde en montgolfière.
Tous ces progrès ont amené un certain bien-être, le travail moins pénible, moins d'heures
de travail, plus de vacances, de loisirs, de distractions, des transports beaucoup plus
rapides, des voyages pour découvrir le monde, etc.
Mais la modernisation trop rapide a vite montré ses inconvénients en amenant beaucoup de
chômage, donc d'inactivité et de désarroi dans les familles, cause de nombreux divorces.
Ce siècle a malheureusement connu l'arrivée d'un terrible fléau : le SIDA, qui,
curieusement, est occasionné par l'homme tout comme une autre calamité de cette fin de
siècle que sont les accidents de la route, provoqués par la voiture automobile que l'on
pouvait encore voir au Pontigou dans les années 1947-1948 livrer le beurre, les légumes,
les oeufs, le lait dans les épiceries, le cheval attaché à un anneau encore visible
aujourd'hui.
Il y avait aussi les charrettes à bras, poussées par un homme ou une femme cheminant
vers les halles de Quimper, les menuisiers chargeant leurs planches de bois sur une
carriole au Moulin-Vert et au Cosquer, les boulangers aussi poussaient leur charrette pleine
de sacs de copeaux de bois, utiles pour couver le feu de bois en fin de travail.
Dans le milieu du siècle, les fermiers, les petits commerçants et les artisans se
modernisèrent les uns après les autres et la voiture automobile commença doucement mais
inexorablement son intrusion dans toutes les familles. On peut dire cinquante ans plus tard,
qu'elle a réussi une véritable invasion, elle est un événement pour le transport de la
population.
Très utile pour les automobilistes, très gênant pour les piétons, ce nouveau mode de
locomotion n'a semble-t-il pas troublé une femme qui continue de passer au Pontigou en
poussant une charrette à bras, pleine de légumes pour aller les vendre aux halles.
Les décennies se succèdent, les voitures se multiplient mais tous les samedis notre brave
femme pousse sa charrette malgré la circulation difficile et un âge qui autorise un repas
bien mérité.
Hé ! Ce qu'elle a dû entendre comme quolibets avec les automobilistes pressés.
Les années passant encore, arrêté au stop au volant de ma voiture, ce samedi dernier, je l'ai vue. Je restais étonné devant la charrette qui paraissait avancer toute seule. Car cette femme, de plus en plus voûtée dans l'effort, je ne pouvais l'apercevoir derrière ses légumes.
Quel exemple de la voir encore pousser sa charrette, à 80 ans passés en ce début d'année 1999 pour revenir des halles de Quimper distants de plus d'un kilomètre à sa ferme et sans doute pour une presque dernière fois dans une circulation intense avec un moyen de livraison éteint depuis presque un demi-siècle.
Elle finissait son travail, jusqu'au bout accompli, se rappelant peut-être du jour si lointain de sa première tournée en ville, loin du bruit des moteurs et des gaz d'échappements qui l'accompagnent aujourd'hui. Le but atteint, se rendait-elle compte qu'elle avait traversé une grande partie de sa vie comme si le temps s'était un beau jour arrêté au milieu du siècle, lui faisant vivre en harmonie la deuxième moitié de celui-ci, continuité logique de la première partie, permettant au passé de côtoyer le présent.
Mais la modernisation trop rapide a vite montré ses inconvénients en amenant beaucoup de
chômage, donc d'inactivité et de désarroi dans les familles, cause de nombreux divorces.
Ce siècle a malheureusement connu l'arrivée d'un terrible fléau : le SIDA, qui,
curieusement, est occasionné par l'homme tout comme une autre calamité de cette fin de
siècle que sont les accidents de la route, provoqués par la voiture automobile que l'on
pouvait encore voir au Pontigou dans les années 1947-1948 livrer le beurre, les légumes,
les oeufs, le lait dans les épiceries, le cheval attaché à un anneau encore visible
aujourd'hui.
Il y avait aussi les charrettes à bras, poussées par un homme ou une femme cheminant
vers les halles de Quimper, les menuisiers chargeant leurs planches de bois sur une
carriole au Moulin-Vert et au Cosquer, les boulangers aussi poussaient leur charrette pleine
de sacs de copeaux de bois, utiles pour couver le feu de bois en fin de travail.
Dans le milieu du siècle, les fermiers, les petits commerçants et les artisans se
modernisèrent les uns après les autres et la voiture automobile commença doucement mais
inexorablement son intrusion dans toutes les familles. On peut dire cinquante ans plus tard,
qu'elle a réussi une véritable invasion, elle est un événement pour le transport de la
population.
Très utile pour les automobilistes, très gênant pour les piétons, ce nouveau mode de
locomotion n'a semble-t-il pas troublé une femme qui continue de passer au Pontigou en
poussant une charrette à bras, pleine de légumes pour aller les vendre aux halles.
Les décennies se succèdent, les voitures se multiplient mais tous les samedis notre brave
femme pousse sa charrette malgré la circulation difficile et un âge qui autorise un repas
bien mérité.
Hé ! Ce qu'elle a dû entendre comme quolibets avec les automobilistes pressés.
Les années passant encore, arrêté au stop au volant de ma voiture, ce samedi dernier, je l'ai vue. Je restais étonné devant la charrette qui paraissait avancer toute seule. Car cette femme, de plus en plus voûtée dans l'effort, je ne pouvais l'apercevoir derrière ses légumes.
Je la regardais s'approcher de moi en revivant des images du passé disparu. "Autour d'elle les petits commerces s'activaient, le boucher déchargeait sa marchandise, un quartier de viande sur l'épaule, la pompiste pompait en surveillant l'essence qui s'écoulait dans les deux grosses bulles de verre. Près d'un mur, attaché à un anneau le cheval d'un fermier attendait bien calmement le retour de son maître venu livrer du beurre à l'épicerie. Une cliente sortait de la charcuterie (aux pâtés, saucissons et tripes si renommés) et sur la route, entre ces boutiques la petite charrette tranquillement revenait du marché".
Mais un coup d'avertisseur me laissa à peine le temps de lui dire bonjour de la tête quand elle passa près de moi, me rappelant ainsi aux obligations actuelles. Je partis en contournant le rond point et en regardant les commerces, tous fermés aujourd'hui. Quant à la femme, elle continua lentement de faire ses derniers pas poussant sa charrette devant elle.
Il lui a fallu une force de caractère rare, devant laquelle je reste admiratif pour avoir conservé cette façon de vivre, à son rythme pendant plus de deux générations dans notre environnement de modernisation et de réglementation amenant généralement le stress... Ténacité et courage remarqués déjà par mon père chez ses frères à l'exemple de leur père (le patriarche). Ils piochaient dans la roche pour faire la rue montant au coteau juste au- dessus de l'ancien manoir seigneurial du XVI ème siècle (le lieu du fils d'Yves) où ils habitaient, travail de force d'un autre temps pourtant réalisé dans les années trente de notre vingtième siècle.
Merci à cette femme et à ces hommes de l'ombre si courageux qui m'ont conduit à vous conter ce souvenir du temps qui passe.
Roger Lalaison, octobre 1999.
Mémoire de <Penhars et l'écho de la butte octobre 1999