Quasiment inconnue en notre fin de vingtième siècle, elle fut cependant la plus illustre des saintes du désert, et accompagne souvent, dans les Fontaines de Vie, une autre pécheresse:Marie Madeleine. Sa vie fut bien connue au Moyen Age qui lui attribue la date de l'an 421 pour sa mort et qui célèbre son culte au mois d'avril, le 9, ce, jusqu'au XVIIIe siècle, puis le 2, plus tard et cela même jusqu'en 1925.
Du XIIe siècle, il existe un chapiteau du cloître Saint Etienne de Toulouse qui raconte sa vie, et, les vitraux, peu nombreux, ne sont pas en reste, comme à Chartres vers.1205-1215, et Bourges 1210-1215, sans négliger Auxerre.
Les époques postérieures semblent moins fécondes. J'ai pu en relever un de la fin XVe dans le Cher, et un second, du milieu du même siècle à Vendôme. Je pense, que cette représentation de Marie l'Egyptienne à Quimper dans la cathédrale, baie 127, est la seule de Bretagne.
Dans cette baie, dite des Kerloaguen, qui est dans la quatrième travée de la nef, côté nord, elle est, au-dessus des donateurs, a genoux sur deux coussins ces personnages sont Louise de Bréhet, dame de Rosampoul et son mari, Maurice de Kerloaguen
La présence de cette Marie l'Egyptienne, comme intercesseur du couple n'est pas directement explicitée et le texte gothique du phylactère, pour le moment incompréhensible, ne nous est d'aucune utilité dans cette recherche.
Marie l’Egyptienne, courtisane d’Alexandrie, avait eu la fantaisie de s’embarquer pour la Terre Sainte. Elle suit par curiosité des pélerins se rendant à Jérusalem. Elle faisait ce voyage avec des pélérins pour son plaisir assurée de trouver autant d’admirateurs en .Judée qu’en Egypte./ Elle comptait bien payer son voyage en nature; Bourges, cathéseale Saint-Etienne. Arrivée à Jérusalem, elle se rendit au Saint~Sépulcre, et pénétra par les portiques sur la grande esplanade où s’élevait, d’un côté, la rotonde de l’Anastasis, de l’autre la basilique du Martyrium. Ce jour là ,la croix du Sauveur était exposée à la vénération des fidèles dans le Martyrium ; elle voulut y rentrer avec la foule, mais une force inconnue l’arrêta à la porte.
Marie, bouleversée par ce miracle, comprit que, seule, dans cette foule elle était indigne de pénétrer dans le sanctuaire, et elle fondit en larmes. Il y avait là une image de la Vierge ; elle la prit à témoin de son repentir, et il se trouva qu’après avoir prié devant elle, elle put entrer dans l’église. En sortant, elle s’agenouilla de nouveau l’image. Tandis qu’elle rendait grâce
Marie, bouleversée par ce miracle, comprit que, seule~ dans cette foule, elle était indigne de pénétrer dans le sanctuaire, et elle fondit en larmes. Il y avait là une image de la Vierge ; elle la prit à témoin de son repentir, et il se trouva qu’après avoir prié devant elle, elle put entrer dans l’église. En sortant, elle s’agenouilla de nouveau l’image. Tandis qu’elle rendait grâce
elle entendit une voix qui lui (lisait « Franchis le Jourdain, et tu trouveras la paix » Un inconnu lui mis trois deniers dans la main (fig. t65). Avec ces trois deniers elle acheta trois pains Après avoir marché tout le jour, Marie arriva vers le soir au bord du Jourdain. Elle était à l’endroit même où le Sauveur avait été baptisé, et une basilique, dédiée à saint Jean Baptiste s’élevait sur la rive. Elle y entra pour prier, puis, s’étant approchée du .Jourdain, elle dénoua sa belle chevelure et la plongea dans le fleuve pour la purifier.
. Le lendemain, la sainte franchit le fleuve et s’enfonça dans les solitudes de la Perée où avait vécu saint .Jean-Baptiste; elle y resta quarante-sept ans. Un jour, un abbé nommé Zozime, qui chaque année quittait. son couvent pour aller chercher dans le désert une perfection plus haute, crut apercevoir non loin de lui une forme humaine, un être étrange. entièrement nu et brûlé par le soleil. Il voulut s’en appro-cher, mais il entendit une voie qui lui disait a Je suis une femme, et je suis nue, jette moi ton manteau pour que je puisse cacher ma nudité ». Il obéit aussitôt.
L’année suivante, au temps de Pâques, Zozime apporta l’eucharistie à la sainte, et il lui promit de la lui apporter. chaque année. Mais, quand Zozime entra dans le désert, la troisième fois, la sainte venait. de mourir, et il la trouva étendue sur le sable. Zozime ne savait comment l’ensevelir, mais un lion vint, creusa la fosse, et s’en retourna aussi paisible qu’un agneau ».
Jacques de Voragine, La légende dorée, Paris, librairie académique, 1925.p,212 et suiv.15, à propos de Marie l'Egyptienne, Fra Angelico la présente en 1437, dans le trityque de Pérouse.
En avril 1998, numéro 2745, dans l'hebdomadaire La Vie, paraît une reproduction d’une statue en pierre du XIVe de Marie l'Egyptienne, entièrement habillée de ses cheveux présentée comme étant une Marie Madeleine. Elle provient de l'église Notre-Dame d'Ecouis et fait partie de l'exposition << L'art au temps des Rois maudits : Philippe le Bel et ses fils>> montée au Grand Palais, où cette erreur est reprise autant sur le socle, que sur l'affiche.
A la cathédrale de Bourges, dans la baie 23, chapelle du déambulatoire, vingt scènes de sa vie sont narrées.
Les vitraux de la cathédrale d’Auxerre reproduisent à peu près les mêmes sujets.
Au musée Fech d’Ajaccio, elle est présente au milieu de cinq saints qui font partie d’une peinture sur bois du Maître du Crucifix d’Argent
Dans certaines fontaines de vie, l’efficacité salutaire du bain dans la vasque où les gens de tous les ordres viennent se purifier, est attestée par la présence de deux pécheresses : sainte Madeleine et Marie l’Egyptienne.
Elle est le symbole de la communion. L’abbé Zourine lui donne la communion.
Elle est invoqué comme saint Antoine pour « le feu », le feu de la prostitution, « feu au fesse » Son corps est recouvert de poils comme le démon, par image à son ancien métier. Les seins apparents indiquent la dégradation de son âme comme la nudité absolue.
Pénitente : ses cheveux qui en poussant couvrirent tout son corps.
Elle est Image de la Vierge qui motive sa conversion dans sa main droite elle tient trois pains dont elle se sustenta miraculeusement.
Quimper, 29, cathédrale, XVe. Baie 127.
Debout derrière les donateurs, la main gauche reposant sur la donatrice, ses longs cheveux au jaune d'argent, essayent de couvrir la nudité de son corps, laissant cependant apparaître une partie des seins. A noter que le gauche est moderne. Telle elle est décrite au Moyen Age, lors de sa découverte par l'abbé Zozine dans le désert de la Pérée où elle se retira durant 47 années : << une créature bizarre, toute nue, avec un corps tout noir et brûlé de soleil>>
Description:
Sa tête, en verre incolore, aux cheveux exécutés aux traits et aux enlevés au bois, avec une raie au milieu, est penchée sur la droite. Son regard, à la pupille noire et à l'iris gris, ne se porte pas sur les donateurs, mais plutôt sur le corps du Christ. Un nimbe rouge, très haut placé, est orné de deux rangés de perles blanches, exécutées à la gravure à l'archet. De la main droite, elle porte sur un livre rouge à tranche dorée les trois pains, symbole de vie et nombre divin, qu'elle emporta au désert après les avoir achetés à Jérusalem, avec les trois deniers qu'un inconnu lui donna. Sur sa droite, le phylactère est un morceau de bravoure technique dans sa découpe.Il est malheureusement illisible.
Vendômes, milieu XVIe
Bourges,cathédrale saint Etienne 1210-1215, Elle s'embarque avec des pélérins qui partent pour Jérusalem.
Elle prie devant la statue de la sainte Vierge
Elle passe le jourdain en canot
L'abbé Zozime lui donne son manteau
Celui-ci aidé par un lion enterre saint marie l'Egyptienne.
photos jp le bihan f; Qiuvreux,édition du chêne.Paris
Bussy, cher, église, fin XVe, en elle est présenté enextase.