les articles sur le vitrail, succèdent à des pages de croquis mémoires ou vise versa dans le but de ne pas fatiguer le blogueur.
Je vois très bien le jardin de Pontivy, je devrais le dessiner, je n’en aurais pas le temps, je vois le poulailler, les caisses en bois des pondeuses, la guérite accolée où se range les carabines, où quand il pleut on s’abrite parmi les outils, l’immeuble des lapins plein d’odeurs, les buttes d’asperges, les haies de framboises plus hautes que moi, le fumier où pousse un cerisier, ou le pêcher, le champ aux pommiers où il reste les tiges du blé coupé, ou du maïs, quand on tombe cela vous ouvre la pomme de la main, le chalet, écurie de la vache et des biquettes, je me vois tirant le lait de la biquette, trempant le doigt goulûment dans le seau, avalant un poil qui s’est aventuré sur le doigt, son goût, les bagarres dans la paille de la grange, le cognassier et ses fruits dans la haie du fond, le grand cerisier où avaient lieu nos repas, le vertige qu’il nous occasionnait et aussi pour certains les vomis plein de noyaux, comme ceux des oiseaux. Je vois d’en haut le grand-père qui arrive par l’allée accompagnée de ses deux fils pendant que nous les cousins on s’empiffre à mourir. Tout près, dessous, la grande au toit de taule, recelant des machines à vanner, une brouette et mieux une charrette à bras, balançoire, moyen de transport et lieu de glisse. Encore un peu de paille, je vois le trèfle que je vais couper à la faux pour les lapins. Je vois les chemins disparus sous l’herbe haute, et humide qui mouille les mollets au-dessus des bottes. Le chemin qui se trace au fur et à mesure des jours sous nos pas. Quand est-ce que j’aurais le temps de dessiner tout cela. Quel machine pourrait scanner l’image qui est en moi ? Souvenir de Guillaume,le jardinier, de la cloche qui nous appelle, Du petit train qui démarre non loin de la cuisine et qui disparait au fond du jardin, derrière les chataigniers et les ruches.
Soixante dix ans après je m'en rappelle lorsque le sommeil n'arrive pas, la pluie et la tempête qui tapent sur les carreaux m'ont pas sortie de ce jardin, proche du canal.