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les articles sur le vitrail, succèdent à des pages de croquis mémoires ou vise versa dans le but de ne pas fatiguer le blogueur.

CATHEDRALE de QUIMPER, BAIE 131


                Baie 131-    
        Vitrail du chanoine
     Laurent de (du)Groësque

        suite du blog précédent


Les personnages des lancettes,le réseau



 

    Saint Laurent.

Visage en verre incolore   , travaillé à la grisaille brune mais aussi à la sanguine qui a disparu presque entièrement, si l'on s'en réfère aux parties protégées par les lèvres du plomb de casse qui partageait le visage en deux. Le crâne est plus rond et plus grand de trois centimètres que celui du chanoine de Groeskaer, et les cheveux plus fous, dégageant l'oreille. Ce qui n'est pas le cas chez ce dernier. Cependant même yeux, même nez, même lèvres e    tc.. C'est encore le même poncif qui a servi pour ces deux visages, mais aucune réutilisation de celui de la baie 124. Cela aurait été possible, les deux vitraux étant du même atelier, et, je le pense, de la même foulée.

    Sur le surplis, à la capuche enroulée autour du cou, et faite d'un tissu assez épais, lin ou laine, que l'on sent dans les longues manches aux nombreux plis et retroussées. Ce saint porte une dalmatique rouge à bandes jaunes, verticales et horizontales, moins larges autour du cou, et des manches courtes, décorées de perles et de cercles. Le nimbe circulaire, en verre incolore, placé verticalement derrière la tête, est orné de stries ou rayures exécutées à la pointe sur un fond de pochon, imitant ainsi des rayons lumineux

    La main droite repose sur le bas de l'épaule du donateur, tandis que de l'autre, il  présente son gril, symbolisant son martyr. Celui ci est constitué de cinq barres verticales de fer carré et de cinq horizontales. Celle du milieu, plus épaisse, fait partie du manche, qui, solidaire, dépasse dans le haut et se termine par un arrêtoir ou butée. Ce gril est constitué, d'origine semble t'il, de deux pièces de verre incolore où la grisaille, ici noire, a sauté par endroits.

    Ce gril est purement légendaire. Saint Laurent n'ayant jamais subi cette épreuve, car les édits de Valérien, en 257 et 258,  prévoyaient l'exécution pure et simple. Ce gril proviendrait d'actes de Vincent de Saragosse, lui aussi diacre et auquel il est constamment associé. La légende de ce dernier apparaît dans des vitraux d'Angers, de Chartres et de Bourges aux XIIe et XIIIe siècles.

    Pour la tenture du fond, c'est un verre  de couleur verte, damassé sur la face intérieure, dont le dessin a été repris, mais inversé, derrière Marie-Madeleine. Le bandeau jaune propose : DEUS IN ROTUI, ensemble de lettres que l'on retrouve inversé de l'autre côté et qui se lira sur les trois tentures, avec des modifications mineures de barres verticales après le DEUS. Ce dernier a partout été dépossédé, on ne sait quand, suite à une coupe des panneaux, d'une partie de la barre verticale du D.

    L'architecture, qui pointe son nez derrière cette tenture est la chapelle que l'on trouve dans chaque lancette. Elle est ici à 3 baies, une de face d'un bleu clair, deux de biais se découpant sur des piliers de teinte violette. Le même principe d'utilisation du retournement du dessin est appliqué ici.


     
Saint Corentin,


    La restauration du XIXe siècle a fourni la mître et la crosse, et, bien entendu, le panneau inférieur de la lancette de ce saint

    Il est, peut être intéressant de relever que ce saint Corentin soit tout d'abord le seul personnage ancien de la nef présenté de face et bénissant. Il est aussi le seul dont le regard porte droit devant lui. Le plus proche de visage, le saint Jacques de la baie 124, a les yeux baissés sur son livre de prière.

 Ce  personnage que l'on dit être saint Corentin, le poisson du socle date de la restauration du XIXe siècle, se détache sur un fond de tenture rouge dont le damas est posé sur la face intérieure du verre. Au sommet de cette tenture, l'éternel bandeau jaune, qui reprend en partie le texte de la lancette précédante, car le DEUS III AU qui aurait du se retrouver du côté droit, et de plus inversé, a été remplacé par un R et un I, dans le peu d'espace laissé entre le nimbe et la crosse. Le nimbe, ici, en verre jaune, présente les mêmes rayures, que celui de saint Laurent. Il en sera de même pour les deux autres. Mais ici la surface de ce nimbe est différente, réduite à deux croissants inversés, plus ovale que la précédente.

    Pour placer ce personnage, avec une mitre, le verrier a été dans l'obligation de réduire un tant soit peu le visage encadré de cheveux. Le verre utilisé pour le visage est aussi un verre incolore travaillé, à l'origine, à la sanguine. Il n'en est pas de même des mains car elles sont gantées. Celle de gauche,  serre le manche de la crosse, avec le bijou traditionnel de cette époque, celle de droite, bénit avec l?anneau épiscopal sur l'index et un second sur le pouce.

 Malheureusement le premier bijou, découvert lors de la restauration, sera de nouveau invisible, car caché sous les lèvres du plomb, erreur technique lors de la façon du carton qui ne fut pas relevé lors de la peinture et de la mise en plomb. Ou  alors...       


    Autre spécificité de ce personnage, c'est la couleur verte de sa chasuble qui, de plus, est agrémentée d'une croix en verre jaune parsemée de motifs répétitifs: un végétal encadré de quatre perles, le tout bordé d'un filet et de nouvelles perles. Ce vert ne présente pas de décor à damas mais un peu de hachures qui accompagnent les plis du vêtement.

Cette couleur est le signe, distinctif de l'évêque,
elle est aussi symbole de son indépendance absolue dans son diocèse où il ne relève que du Pape.

    SI l'on a choisi cette couleur spécialement pour cet évêque, alors que nous en trouvons deux autres du XVe siècle, dont l'un en la baie, 129 qui, lui, offre quelques éléments d'une Chape or, et, en la baie 127, des éléments de chasuble rouge mais doublée, semble-t-il de vert, c'est pourrait être là, la confirmation que nous sommes devant un Saint Corentin. Mais la comparaison, avec les autres baies, ne peut être vraiment déterminante, car il apparaît que dans cette nef, il n'y eu pas eu de programme commun aux divers ateliers, et que les dates d'exécutions peuvent être sujettes à caution.

        Revenons au saint Corentin. Que porte-t-il sous cette chasuble aux larges manches agrémentées d'un filet jaune? Il semblerait que cela soit une aube à col ou au capuchon roulé autour du cou, portée sur une soutane dont la manche droite, se terminant par un revers jaune, apparaît sous la main bénissant, à moins que cette manche ne soit qu'un élément incorporé à la chasuble pour faciliter l'habillement, car entre cette manche et le poignée se révèle un autre vêtement blanc. Cela peut être encore qu'un élément décoratif, facilitant l'exécution du carton, que le verrier a voulu incorporer, donnant ainsi plus d'ampleur et de contraste au geste.

    Au-dessus de la tenture, les baies sont traitées avec un verre légèrement rose et les piliers avec un verre vert.




                                       
    Marie-Madeleine,



    Cette représentation de Marie-Madeleine n'est, semble- t'il pas, sans accointances avec le donateur Laurent de Groasker qui, comme il a été indiqué précédemment, fonda, en 1496, une chapellenie en une chapelle dédiée à cette sainte.

    Comme les saint Laurent et saint Corentin de cette baie, c'est la seule représentation de cette sainte, du moins dans les baies hautes de cette nef.  Il est très possible, qu'un vitrail en son honneur, eut existé dans sa chapelle du fond de l'édifice

    Le livre de prière de la main gauche, le vase de parfum de la droite, un manteau blanc ouvert sur une robe rouge, le pan gauche ramené sur le bras doit, elle présente malheureusement, entourée d'un nimbe rayonnant, identique à celui de saint Corentin, une tête, ainsi que la moitié inférieure de son corps, de restauration XIXe, le tout sur un fond de tenture bleu, damassé sur la face intérieure, qui est la réplique inversée du dessin du panneau A2, soit le tenture de fond de saint Laurent.  Preuve de la réutilisation d'un même pochoir. Un autre damas, à petits dessins, toujours à motif floral, mais fait au pinceau, alors que les précédents sont exécutés au pochoir, a été posé sur la face extérieure de la robe rouge. Sur le manteau blanc, maintenu par une broche, court un liséré au jaune d'argent sur une suite de perles

    Des deux mains, la gauche révèle en plus de la sanguine, un hachurage, au pinceau trois poils, horizontal et courbe, qui donne une certaine vie ou expressionnisme au dos de la main et aux doigts. Trois à quatre traits verticaux ombrent un côté de chaque ongle.

    Le livre de prière, que Marie-Madeleine présente, offre dix lignes, traduites comme d'habitude par des traits horizontaux sur la feuille du dessus, décollée de l'ensemble et dont la tranche est traitée au jaune d'argent. L'emplacement de ces lignes, groupées au milieu de la page, offre, sur les quatre côtés, une grande marge qui diminue sensiblement par la suite.

    Autre attribut, le vase à onguent ou parfum, proche des pots de pharmacie avec couvercle, et teinté de jaune d'argent sur verre incolore, possède comme unique décor, en dehors des hachures qui le font tourner, deux bandes horizontales et successives de V et O, séparées par une troisième plus fine de perles.

    Pas d'inscription pour identifier le personnage et toujours le même texte lietmotif  commençant par DEUS, puis inversé sur le côté droit. Au-dessus, l'architecture offre des bais d'un rouge-rosé et des piliers d'un bleu violacé.

    Comme pour les deux lancettes précédentes, ce qui différencie des autres baies, sauf la 124, la pose du personnage est statique,  et la composition très simple. Cette  spécificité et simplicité se retrouvent dans le peu de pièces, dans le petit nombre de couleurs, trois, en y intégrant le blanc du manteau, dans la coupe des pièces de verre où l'on ne relève aucune recherche de difficulté de coupe et découlant de là, l'absence de chef - d'?uvre.

    Quant au verre, il s'agit, ici aussi, de verre à plateau, variant de 2 à 5 millimètres d'épaisseur, parfois de surfaces irrégulières, comme le rouge. A noter que la résille horizontale des pièces du fond est de 21 centimètres de haut contre 28 chez saint Laurent.



    Saint Michel,




    Ici, nous devons encore faire abstraction du panneau inférieur, invention  de la restauration du XIXe siècle.


    Bien qu'il soit d'une composition simple, le panneau du XVe siècle, qui nous reste, montre cependant une recherche poussée du cartonnier, et il semble qu'il ait tout composé  autour et avec un triangle, dont la base et le point de départ ou d'arrivée, serait le bouclier, bras droit, bras gauche, avant bras gauche à l'équerre du précédent, épée que recoupent les lignes descendantes de l'élément bleu de l'aile. Tout cela nous ramène au bouclier, et, est encore conforté par le vert du manteau.

    Nous nous trouvons ici très loin du saint Michel, patron d'un chevalier de Tymeur de la baie 123.

    Mais avant d'aller plus loin, relevons la façon dont l'Archange tient son épée à deux tranchants, au pommeau en forme de disque et aux quillons droits. Ce qui n'est pas habituel, c'est qu'il la tient de la main gauche, et il ne peut que difficilement s'en servir comme épée d'estoc. Il pourrait probablement s'en servir pour frapper du tranchant, mais l'emplacement derrière la croix frontal du serre tête ne facilite pas les choses. Un saint Michel gaucher ? Il serait plus sérieux d'émettre deux propositions.

    La première est une question de composition de la baie. A gauche, saint Laurent et le donateur se tournent vers saint Corentin et Marie-Madeleine. Il était donc bon que saint Michel ferme la composition, en se tournant vers la gauche. La deuxième proposition, c'est l'emploi possible d'un carton déjà existant et retourné. C'est vers cette seconde hypothèse que nous  penchons.

    Sur le visage en verre incolore, nous retrouvons le même principe de hachures obliques ou verticales pour donner le relief, auxquelles s'ajoutent les enlevés à la pointe, tandis que sur la face extérieure de la pièce une très légère sanguine est posée sur les lèvres, le bas du cou, ici pour ombrer, et les paupières.

    Pour les cheveux au jaune d'argent, sur fond noir de grisaille, des enlevés au bois puis à la pointe ont suivi un balayage à la brosse. Le nimbe présente les mêmes rayons de grisaille sur jaune d'argent, et la croix du serre-tête est ornée de perles.

    Puis que nous sommes dans le haut du panneau, le texte du galon de la tenture, ici rouge à damas intérieur, offre à gauche LEUS pour DEUS, et sous la main  de l'archange un V.  M. et cela sur un verre jaune XIIIe. Le manteau vert, dont la face extérieure n'est pas du tout altérée, découvre une armure dont le plastron d'un seul élément, la plate, est décoré d'une croix dont il ne reste malheureusement que les deux extrémités d'origine. Cela ne nous permet pas la comparaison avec le saint Michel de la baie 2 de  l?église Saint-Fiacre de Guengat, qui présente le même esprit de florissement des extrémités.

L'armure.
    Au-dessous de ce plastron, les tassettes, au nombre de quatre, et horizontales, protégeant les cuisses et les hanches, s'entrouvrent sur le jupon de mailles du  XIXe siècle.  La cubitière du bras gauche est reliée aux canons d'avant bras aux moyens de lames étroites et articulées, façon qui n'apparaît qu'au milieu du XIVe siècle et que l'on peut rapprocher d'un dessin de Guilhermy sur le gisant du chevalier de Montmorency (1360). La cubitière du bras droit présente la même chose, mais vue d'un point différent, ce bras étant moins plié. Les avant bras et arrières bras sont composés de deux lattes enserrant les bras, et fermées par des charnières, pour le côté gauche, et boucles du côté droit.

    Le dernier élément d'un chevalier, porté par saint Michel, est ici un bouclier petit et rond, orné d'une croix au jaune d'argent et de perles rivets. Comme l'ange du XVe siècle, que l'on voit dans le réseau, saint Michel porte des ailes dont les plumes sont bien différenciées, les rémiges en bleu et les petites couvertures en Jaune.



    Le réseau,



    Sur neuf éléments principaux, seuls deux nous sont parvenus qui sont de plus les seuls de toute la nef.

Le premier porte les armoiries des Groesquer, d'hermines à trois fasces de sable  sur fond bleu, entourées de deux phylactères portant probablement leur devise où l'on relève "SERVITE D  NOIN TIORE", repris deux fois par éléments du phylactère.  Il s'agit du Psaume n°2, verset 12: "SERVITE DOMINO IN TIMORE" ( Servez le Seigneur dans la crainte.) Dans les coins, supérieur et inférieur du panneau, flottent des nuages.

    Autre panneau, un ange portant un phylactère où s'inscrit : "IN EXCELCIS DEO" dont les lettres gothiques, comme dans la devise, ont été grossièrement exécutées à la grisaille puis rectifiées sur les bords à la pointe et au bois, mais là encore d'une façon relâchée.

    Le visage de l'ange est dans l'esprit de ceux des autres personnages de cette baie. Plus petit, le travail des hachures au trait pour ombrer se remarque moins. Les cheveux au jaune d'argent, frisés, et bouclés au sommet du crâne, tombent en vagues à partir des oreilles. Le regard est vague et plane par-dessus le phylactère. Aucune hachure n'a été utilisée pour les mains.

    Le verre incolore, tournant par endroit vers un léger vert acide, est d'une épaisseur très irrégulière, passant de 5 à 2 millimètres, la partie gauche du vêtement, avoisinant le bourrelet du bord d'un verre en plateau. Bourrelet qui se retrouve auprès du verre jaune de l'aile
    Seuls les verres rouges sont très attaqués et cela sur la face extérieure laissant apparaître le support de ce verre plaqué qui est de teinte verdâtre..

   

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