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les articles sur le vitrail, succèdent à des pages de croquis mémoires ou vise versa dans le but de ne pas fatiguer le blogueur.

CATHEDRALE SAINT CORENTIN QUIMPER BAIE 129

                    CATHEDRALE SAINT-CORENTIN
                                       DE QUIMPER

ci-dessous baie avant restauration







            Baie129, <<Deuxième fenêtre (nord)>>


    Tel est le titre que donne à cette baie, autant Le Men que l'abbé Thomas, deux auteurs, du XIX° siècle, de livrets sur la cathédrale.
 
Ci  contre, baie après restauration


.  Il s?agit d'une baie de quatre lancettes trilobées dont Il ne reste pas grand chose du  XVe siècle ; Quelques pièces dont certaines d'une grande qualité plastique, comme celle de la Vierge Marie allaitant au  second panneau de la troisième lancette. Les autres  pièces d'origine nous les trouvons dans la première lancette au second panneau  avec le donateur et son intercesseur et chez un second donateur qu?on  trouve au second panneau de la seconde lancette. en d2(3)

. L'inventaire établi par Aymar de Blois, sur cette baie, nous permet d'évaluer  les disparitions intervenues depuis 1820 (4)

Ces vitraux, tels que nous les avons trouvé en 1993, n'avait plus l'état de leur restauration du siècle dernier . Une dépose durant la dernière guerre pour les mettre à l'abri n'a rien arrangé, pas plus que les transports sur Paris pour une restauration d'après guerre.  Les grisailles ont par endroits disparues, Les plombs de casses, posés pour assembler les éléments des pièces brisées, ont alourdi la vision.

Notre travail a été de redonner une jeunesse à ces personnages et leur décor ;




     Le panneau a2,de la première lancette.

    C'est de l'intercesseur, qu'il nous reste le plus de pièces d'origine. Il s'agit d'un évêque, probablement un saint, bien que rien ne le confirme, si ce n'est sa place d'intercesseur. Un élément de bois de crosse est visible au-dessus de la main gauche, non gantée et ancienne, exécutée en verre rose plaqué. Une seconde main, la droite, elle aussi d'origine, sort d'une première manche blanche, d'une possible robe ou surplis, dont un second élément de verre se voit un peu plus bas. Au dessus, une manche d'une robe bleue, recouverte d'un manteau rouge.  Celui-ci est damassé sur la face extérieure, et s'avérera de la même main que la robe de la Vierge du c2. Du manteau rouge de l'évêque, seules deux pièces ont subsisté. Il est bordé d'une frise de losanges, rectangles et d'amandes, séparés de perles, et dont les centres ont été appuyés d'une tache de grisaille noire, le tout sur un verre incolore rehaussé de jaune d'argent. Une résille d'enlevés à la pointe, prenant le graphisme d'une grille losangée, trame la grisaille.


Cet élément graphique se retrouve dans les autres  panneaux.


    Un morceau de tissu jaune XIIIe parait au-dessus de la manche droite. Sa provenance est incertaine. Probable pièce bouche-trou des XVIe et XVIIe siècles.

    Parmi les pièces anciennes, il reste encore quelques éléments sur le côté droit du panneau, dont le tissu recouvrant le dessus d'un prie-Dieu, verre jaune XIIIe, avec galon de perles qui court dans la partie inférieure. Sur ce tissu repose le livre dont seule une partie existe. Sur la page de gauche, cinq lignes en gros trait de grisaille noire suivent un alpha qui annonce l'oméga dont une partie est visible sur la page de droite. Les ficelles ou, nerfs, probablement en chanvre, de la reliure cousent les feuillets dont trois sont dessinés sur la partie gauche du livre.

    Derniers éléments anciens, deux pièces du rideau de couleur verte dont le damas est peint du côté intérieur. L'état  de conservation de ces éléments est assez bon. Comme partout, la face intérieure est piquetée de trous d'aiguille qui, sur les rouges et le rose, ont fait sauter le placage. Seuls les verres verts ont très foncé.


    Panneau c2, lancette troisième, la Vierge allaitant,

    C'est le panneau le plus complet, nous pouvons  en estimer la part ancienne à 95 pour cent, et qui, de plus, nous offre la seule pièce d'encadrement, la colonne de la niche.

La Vierge tient l'enfant Jésus dans ses bras. Ses mains ne le touchent pas, car il repose sur un linge ou, lange, recouvrant seulement son épaule gauche, et s'étalant sur le bras droit de Marie. L'enfant essaye de téter le sein bien rond. Le baron de Guilhermy, signale dans son mémoire une Vierge portant son fils, il la peut être vu dans la chapelle de la Victoire.

    Comme fond, la tenture, est ici d'un violet très sombre, avec damas au pochoir sur la face intérieure. La Vierge porte, sur une robe jaune, décorée d'un grand damas exécuté à la main du côté intérieur, un manteau bleu doublé d'hermine. L'enfant Jésus, entièrement nu, est exécuté  en verre incolore, comme le sont, le linge, les  mains de la Vierge et son sein sortant du haut de la robe. Sur ce verre, le lavis de grisaille a été enlevé à l'aide d'une brosse légère et d'une brosse plus dure. Les enlevés au bois affirment les plis du lange, où repose l'enfant Pour ombrer le sein ,quelques traits parallèles de grisaille ont été apportés. Le jaune d'argent est posé sur le galon de la robe qui est décoré de perles et d'amandes. Un verre incolore en est le support. Cette teinture anime aussi les cheveux, assez courts et bien peignés de l'enfant Jésus.

    Comme le panneau précédant, l'état de conservation du verre est plus qu' acceptable, vu l'âge. La condensation intérieure a, bien sûr, fait sauter les traits de grisaille noire des verres incolores composant l'enfant Jésus, mais cela sans nuire à la lecture.


    Le panneau d2,quatrième lancette.

    Ce panneau, lorsque nous l?avons déposé en vue d'une restauration, était posé à l'envers, la face intérieure à l'extérieure, et semble-t-il depuis pas mal de temps, vu l'état de la grisaille de cette face intérieure. Lors de la restauration de 1998, nous lui avons restitué sa place qui est semble-t-il  celle d'origine. Maintenant le chanoine donateur regarde la Vierge, et cela grâce aux quelques éléments encore existants.

    L'intercesseur ou saint patron ne peut être qu'un abbé ou évêque. Il porte une robe blanche, dont restent trois éléments : l'un au bas de la robe et, le reste, comme manche autour des deux mains. Par-dessus, une bure d'un brun couleur laque de garance, et enfin par dessus le tout, un manteau rouge à damas, travaillé au pochoir du côté extérieur. Les deux mains ont hérité d'un verre rose plus clair que celui qu'on trouve en a2.

    Du chanoine, existe l'orfroi en verre incolore, rehaussé de jaune d'argent et  décoré des figurations ,  exécutées aux traits de grisaille, des apôtres  Pierre et Paul présentés dans une niche(5). Le trait a pratiquement disparu, dû à l'exposition de la grisaille du côté extérieur. Sur cet orfroi,  on découvre un graphisme de grille losangée  exécuté à la pointe fine. La chape, en verre jaune XIIIe, est animée d'un damas au trait sur la face intérieure Le livre de prière est ici entier, ouvert, sans indication de feuillet ni de reliure, avec simplement le même graphisme de grille losangée  mais sur jaune d'argent. Chaque page porte six lignes traitées par un gros trait de grisaille avec, au début de la troisième, un A  sur la page de gauche et un possible D sur l?autre page . Ce livre est posé sur une nappe verte très foncée, difficilement identifiable car trois éléments de teintes différentes l'accompagnent,  dont un très concave. Il doit s'agir ici  de pièces bouche-trou d'une restauration postérieure au XVe siècle. Derrière,  se voie l'inévitable tenture, ici  en verre bleu  animé d'un damas intérieur, exécuté au pochoir.


notes,

1, Le Men, o. p., cit. p. 142.
2, Abbé A.Thomas, la cathédrale de Quimper.p.45, et, Visite de cathédrale de Quimper, p. 106.
3. Dans les deux premières lancettes, nos historiens de la cathédrale ne voyaient pas là même chose. En a, << un religieux, la tête presque entièrement rasée, à genoux devant un prie-dieu, présenté par un saint évêque>>, description de Le Men. Pour l'abbé Thomas : << un moine présenté par un saint évêque>> Il s'agissait en fait d'un personnage en orant, offrant une tête de moine, à la défroque noire en verre incolore et grisaille noire, sale et mal conservée. Ils ne parlent pas du tout de l'existence de pièces anciennes. Pour la lancette b, chez Le Men nous lisons : <
< saint Maurice, abbé, XIIe siècle, (panneau neuf)>>
. Pour Thomas, il s'agit de saint Jacques le majeur. Nous acceptons bien qu'il s'agisse de saint Maurice, abbé de Langonnet et de Carnoët, mais pourquoi l'avoir habillé entièrement de noir avec de plus une coquille, ce qui trompa l?abbé Thomas. Cette bure ou, robe noire et la coquille ne sont pas dans l'iconographie de saint Maurice, abbé. Les vêtements noirs ne sont apparus dans l'histoire du vitrail qu'au milieu du XVIe siècle, et seulement pour les donateurs, suivant en cela un engouement pour le sombre, que les mondains mirent à la mode et, qui fut suivi par le clergé  et ce jusqu'à la seconde moitié du XXe siècle et encore utilisé par certains, de nos jours.

    Pour ces deux vitraux, lors de la restauration, nous avons supprimé cette teinte noire et avons rendu à ce saint Maurice une tunique ou bure ou robe de couleur blanche tel que le relate Alexandre Thomas lors de la translation des reliques en 1880, page 113.Un autre élément nous a confortés dans la reconnaissance de ce saint, c'est la présence d'un phylactère du réseau du XIXe siècle qui parle de saint Maurice.

    Pour établir, au XIXe siècle, cette fenêtre avec saint Maurice, il a bien fallu posséder quelques données... Cette baie aurait pu porter avec bonheur le titre de <<Vitrail de Notre Dame>>, celle-ci ayant un rapport avec l'ordre de Citeaux et saint Maurice. Mais ce saint abbé breton est l'objet d'un culte durant ce XIXe siècle, culte qui n'ira qu'en s'amplifiant avec la translation de ses reliques, de Carnoët à Langonnet.

4, Si nous prenons Aymar de Blois, op. cit. ,p. 22 c'est tout autre chose que nous découvrons. <
<Ce vitrail est très endommagé. On reconnaît dans ce qui en reste, un chanoine présenté par un saint évêque dont on ne distingue pas les attributs, l'image de Notre Dame et un personnage présenté par un saint, mais on n'y voit plus ni écusson, ni cotte d'armes qui puisse le faire reconnaître>>

5 Il est fréquent de découvrir des orfrois décorés de saints, de Vierge et même de Christ. Ici, suite à la disparition du trait de grisaille, il nous a semblé bon de doubler la pièce de verre ancienne, d'une seconde, portant une reprise du dessin. Objectif : assurer une meilleure lecture.


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