BAIE 114 FIN QUINZIEME SIECLE Deuxième lancette (b)
Saint Christophe présentant Christophe de Lézongar.
Les trois panneaux composant ce tableau sont quasiment anciens, et de la fin XVe, si ce n?est le socle.
C?est la première fois dans cette étude sur les vitraux anciens de la cathédrale que nous rencontrons la disparition de ces socles. Nous verrons par la suite que dans la nef, elle est due, semble-t-il à une nouvelle pente de la toiture des bas côtés, postérieure à la pose des vitraux.
Les colonnes, soutenant les dais que l'on relèvera ici, et dont il ne restait que de petits éléments,dus aux déposes successives pour restauration ou pour protection lors de la dernière guerre, ne seront pas souvent présentent, dans les baies, dans le choeur, elles furent quasiment toutes présentes et de plus grandes largueurs.
Sur fond de tenture rouge, trois personnages.
C?est sur un fond de tenture rouge à gros damas posés sur la face intérieure, dont certaines pièces de verre dépassent les quarante centimètres de long, ainsi dans le manteau de saint Christophe, nous en trouvons une de trente huit centimètres12, que l'auteur inconnu pose ses trois personnages, trois, car nous oublions trop souvent l?enfant Jésus dans la présentation. Ce dernier n?étant plus mis qu?au titre d?attribut de saint Christophe, comme l?arbre déraciné ou l?eau.
Ici, cependant, comme dans beaucoup de cas, c?est lui, l?enfant Jésus, qui domine et qui de sa main au doigt levé donne une âme à cette pose par trop statique, où trois visages suivent la même oblique qui fait la liaison entre les mains jointes du donateur et celle de l?enfant.
Cet enfant Jésus est posé, bien à cheval, sur le dos de saint Christophe, un pied à droite, un pied à gauche, vêtu d?une robe ample d?une teinte violet parme, robe agrémentée d?un collet ornée de perles et autres graphismes.
Le visage, présenté de trois quart vers sa droite, comme les autres personnages, et sur lequel les cheveux de grisaille noire courent en vagues de boucles colorées au jaune d?argent, a été pris ainsi que les deux mains et les pieds dans un verre incolore, Il en est de même du collet. Cette pièce de verre est, sur la face extérieure, mangée de cratères là où le jaune d?argent n?a pas été posé. Tandis que la main droite, levée à la hauteur du visage, bénit, la gauche retient la base du globe terrestre, traité au jaune d?argent sur verre incolore, surmonté de la croix, elle aussi en verre incolore.
A droite et à gauche de cet enfant Jésus, le galon jaune de la tenture offre, à gauche, entouré d?une succession de perles jumelées, un texte dont seul est compréhensible les trois premières lettres : S A I N puis I V L I.E.N.13 Les six dernières, de l?autre côté des épaules de l?enfant Jésus, aux graphismes très libres, ne nous donnent au premier abord rien d?approchant de ce qu?il aurait du être tout ou partie de : CHRISTOPHE.
Encadrant la tête de l?enfant, deux chapelles aux voûtes bleues avec chacune une baie à deux lancettes trilobées surmontées d?un écoinçon. Ce dernier, comme les têtes de lancettes a une forme proche d?une pointe de flèche. Pour ces baies, il a été posé une grisaille grise très dense sur un verre incolore. Un enlevé à la brosse permet de faire apparaître les meneaux.
Le saint Christophe ne porte pas de nimbe, comme pour la 113. Quant au visage, il est malheureusement du s XIX. .Cette perte de la tête XVe nous interroge sur le fait de savoir si, à l?origine, il dialoguait, la tête tournée vers l?enfant Jésus, qui lui possède son nimbe jaune. Habitude iconographique, il s?appuie de la main droite sur un frêle tronc d?arbre, tiré d?un verre jaune dont la face extérieure est cratérisée. Ce verre, plusieurs fois utilisé dans cette baie, présentera toujours les mêmes défauts.
Pour la main droite, comme la main gauche, qui ici dans un geste d?accompagnement repose contre le dos du donateur, c?est un verre de couleur rose plaquée sur un bleu très clair qui a été choisi. C?est la condensation, en étoilant de petits cratères le rose de la surface intérieure du verre, qui nous permet de connaître la composition du placage, sans avoir recours à un écaillage désastreux.
un foulard élément ancien.
De la tête originelle, il reste cependant un élément, en plus d?une indication de cheveux, un foulard tourné et noué, et flottant sur sa gauche, direction prise dans les crucifixions par le linge recouvrant le bas ventre du Christ. Mais ici, il n?y a pas de rapport. Ce foulard accentue simplement le mouvement d?avancé du passeur qu?est saint Christophe, qui prend ici, vu le sujet, une pose statique, rendu obligatoire par son rôle d?intercesseur.
Il porte un manteau vert, à galon orné de perles blanches, dont la doublure rouge, agrémentée d?un bouton jaune, apparaît avec un élément du col rabattu à l?échancrure du cou. Un damas égaie ce manteau. A l?opposé de celui que l?on trouve sur les rideaux de fond, ce damas est posé du côté extérieur.
Nous avons relevé à la cathédrale, sur les pièces de vêtement, une dominante de pose de damas sur la face extérieure du verre, mais nous ne pouvons en faire une règle.14 Malheureusement, comme c?est le cas pour ce manteau, la grisaille, donnant le dessin, qui n?a pas été enlevée lors du travail au pochoir, est le champ d?une culture de cratères.
Derrière le donateur, et un peu en retrait, la jambe gauche du saint Christophe, malheureusement XIXe, entre dans l?eau. Verre bleu gris où la grisaille et le trait dessinent des vaguelettes d?une chute d?eau faites de boucles sucessives, proches du motif d?ornementation appelé flots grecs.
Christophe de Lézongar prend la pose de tout donateur, en orant, à genoux sur un coussin rouge à l?unique pompon et aux motifs de fleurs et de feuillages. Cette pièce a été diminuée, au cours des ans, d?une bonne partie. Dessous, le sol de couleur verte reçoit diverses petites plantes dessinées aux traits de grisaille.
Sur le prie Dieu, jaune, où s?ébauche une perspective pas encore au point, repose, directement sur le bois, et posé de biais, le livre ouvert des écritures, dont six traits de grisaille veulent imiter, sur la page de gauche, le texte. La tranche de ce livre, travaillée au jaune d?argent, est balayée d?une suite de X en enlevés.
Quant à la page de droite, elle est à moitié cachée par les deux mains jointes du donateur. Un verre rose terne, le même que celui des mains du saint Christophe, est ici utilisé, avec un trait noir pour dessiner les doigts. Le médius et le petit doigt de la main gauche portent chacun une bague. Il en est de même pour l?index de l?autre main.
Ce verre rose est aussi utilisé pour le visage, dont les cheveux, très bouclés, sont dessinés avec un pinceau très fin. Ceux ci se terminent très fournis à l?arrière, prenant la forme d?un chignon. Ce verre rose est malheureusement, pour cette pièce, un champ de culture pour de gros cratères, dues ,comme nous l?avons déjà vu, à la pose sur la face extérieure d?une grisaille ombrée.
Ce donateur revêt une cotte d?armes bleue dont le collet a trois niveaux. Sur cette cotte il porte une croix d?or cantonnée à dextre d?une fleur de lys de même. Ce n?est pas ce qu?a vu Le Men. Description de la cotte d?armes Un canon d?avant-bras, en deux éléments, apparaît sur le bras gauche, au dessus de l?épée dont seuls apparaissent la poignée rouge et les quillons recourbées vers le bas. La lame est dans un fourreau de couleur violette- Cette enveloppe est faite dans une pièce de verre de trente-neuf centimètres de long. Cinq centimètres d?une cotte de mailles dépassent en deux endroits sur sa cotte bleue, nous permettant de découvrir deux tassettes.
Les jambes sont protégées par des cuissards, genouillères, jambières. lacées, et solerets. Ces pièces d?armures sont exécutés en un verre incolore grisaillé et dépoli au dos. Des rivets ou écrous, animent ces pièces.
Aux genoux, des plates à décors, dénommées rouelles, protègent les jointures. Le bleu acier que l?on a trouvé avec le saint Michel de la 113.n?est pas utilisé ici.
Le heaume, couronné d?un panache rouge est posé sur le sol vert. Sa présentation est intéressante.
Son profil est bien angulaire et pointu, offrant ainsi aux coups de l?adversaire une surface oblique qui déviera leurs courses. La visière n?est pas montée sur des pivots latéraux comme il en est l?habitude. Le heaume est coupé en deux dans la partie inférieure Une fente longiligne ferait office de visière et de vantail. Cette pièce d?armurerie n?est pas en manque de décors relevés au jaune d?argent : cercles, cordons. Dans le bas une boucle pivote et dont le but semble, en même temps, de fermer les deux parties du bourrelet inférieur, et d?accrocher ce casque ailleurs. A l?arrière apparaît attaché un axe ou pivot qui permettrait semble-t?il l?ouverture.
Ce heaume serait donc enfilé par l?arrière de la tête et fermé devant. Ce serait la première supposition. La plus sérieuse, car tout le dessin de cette armure est plus décoratif que réaliste, pour exemple la façon de traiter les genouillères, c?est qu?il s?agirait d?un heaume de joute. Celui ci diffère de ceux de combat, car il est solidement bouclé sur la poitrine et dans le dos. Ce serait là le pourquoi de cette boucle et de l?axe arrière. A noter un autre détail réaliste avec les éperons qui sont maintenus par une première lanière passant sous les plates du soleret à la hauteur de la cheville et, une seconde sangle partant à angle droit sous la voûte du pied. Petit détail que nous n?avons pas encore trouvé ou remarqué sur les armures des seigneurs donateurs que nous avons eu l?occasion de restaurer jusqu?à maintenant.