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les articles sur le vitrail, succèdent à des pages de croquis mémoires ou vise versa dans le but de ne pas fatiguer le blogueur.

CATHEDRALE DE QUIMPER, BAIE 114 xv

Baie 114. Vitre de Prat ar Raz.
        de la fin XVéme
Transept, bras sud, mur est .





Cette baie, avant la dernière restauration de l'extrême fin du XX ème siècle,photo à gauche, a été décrite,  le siècle précédent  par des historiens régionaux comme de Blois : Le Men, et  Thomas

Quant au titre de cette fenêtre, de quatre lancettes trilobées, numérotées a, b, c et d, partagées en 3 panneaux de vitraux, 1,2,3,4, il a été  donné par de Blois




            Saint Christophe présentant
            Christophe de Lézongar.
1

                        (Deuxième lancette, b)

Les trois panneaux composant ce tableau sont quasiment anciens, et de la fin du XVe siècle, si ce n'est le socle. C'est la première fois dans cette étude sur les vitraux anciens de la cathédrale que nous rencontrons la disparition de ces socles.

 Nous verrons par la suite que, dans la nef, elle est due, semble-t-il à une nouvelle pente de la toiture des bas côtés, postérieure à la pose des vitraux.

Les colonnes,

 Ces colonnes, que l'on trouve sur les côtés,soutenant le dais que l'on relève ici, et dont il ne reste que de petits éléments, dégâts dus aux déposes successives pour restauration ou pour protection, lors de la dernière guerre, ne seront pas souvent présentent dans les baies, du moins anciennes, du transept et de la nef, deux fois pour cette dernière et autant pour ce transept. Dans le choeur, elles furent quasiment toutes présentes et de plus grandes largueurs.

C'est
sur un fond de tenture rouge à gros damas
posés sur la face intérieure, dont certaines pièces de verre dépassent les quarante centimètres de long;
dans le manteau de saint Christophe nous  trouvons une autre pièce de trente huit centimètres
2,
que l'auteur inconnu pose ses trois personnages,
trois, car nous oublions trop souvent l'enfant Jésus dans la présentation. Ce dernier n'étant plus mis qu'au titre d'attribut de saint Christophe, comme l'arbre déraciné ou leau.

 
l'enfant Jésus.


Ici,  cependant, comme dans beaucoup de cas, c'est lui, l'enfant Jésus, qui domine et qui, de sa main au doigt levé, donne une âme à cette pose par trop statique, où trois visages suivent la même oblique qui fait la liaison entre les mains jointes du donateur et celle de l'enfant.

Cet enfant Jésus est posé, bien à cheval, sur le dos de saint Christophe, un pied à droite, un pied à gauche, vêtu d'une robe ample d'une teinte violet parme,  robe agrémentée d'un collet ornée de perles et autres graphismes.

Le visage,  présenté de trois quarts vers sa droite, comme les autres personnages,  et sur lequel les cheveux de grisaille noire courent en vagues de boucles colorées au jaune d'argent,  a été pris, ainsi que les deux mains et les pieds, dans un verre incolore, Il en est de même du collet. Cette pièce de verre est, sur la face extérieure, mangée de cratères là où le jaune d'argent n'a pas été posé.
 
l
e globe terrestre

Tandis que la main droite, levée à la hauteur du visage, bénit, la main gauche retient la base du globe terrestre,  traité au jaune d'argent posé sur un verre incolore, surmonté de la croix, elle aussi en verre incolore.
un galon jaune avec texte
;

A droite et à gauche de cet enfant Jésus, le galon jaune de la tenture offre, à gauche, entouré d'une succession de perles jumelées, un texte dont seul est compréhensible les trois premières lettres : S A I N puis I V L I.E.N.3

Les six dernières, de l'autre côté des épaules de l'enfant Jésus, aux graphismes très libres, ne nous donnent au premier abord rien d'approchant de ce qu'il aurait du être tout ou partie d'un : CHRISTOPHE.
 
  
deux chapelles aux voûtes bleues 

     Encadrant la tête de l'enfant, on peut relever deux chapelles aux voûtes bleues avec chacune une baie  à deux lancettes trilobées surmontées d'un écoinçon. Ce dernier, comme les têtes de lancettes a une forme  proche d'une pointe de flèche. Pour ces baies de la chapelle, il a été posé une grisaille grise très dense sur un verre incolore. Un enlevé à la brosse permet de faire apparaître les meneaux.

Le saint Christophe







 Il ne porte pas de nimbe.   Quant à son visage, il est malheureusement du XIXème siècle
.Cette perte de la tête XVe nous interroge sur le fait de savoir si, à l'origine, il dialoguait, la tête tournée vers l'enfant Jésus, qui lui possède son nimbe jaune. Habitude iconographique, il s'appuie de la main droite sur un frêle tronc d'arbre, tiré d'un verre jaune dont la face extérieure est cratérisée. Ce verre, plusieurs fois utilisé dans cette baie, présentera toujours les mêmes défauts.

la main de l'intercesseur.

Pour la main droite, comme la main gauche, qui, ici dans un geste d'accompagnement et d'intercession, repose contre le dos du donateur, c'est un verre de couleur rose plaquée sur un bleu très clair qui a été choisi. C'est la condensation, en étoilant de petits cratères  le rose de la surface intérieure du verre, qui nous permet de connaître la composition du placage, sans avoir recours à un écaillage désastreux.




De la tête originelle, il reste cependant un élément, en plus d'une indication de cheveux, c'est un
foulard tourné et noué,
qui flotte sur sa gauche, direction prise dans les crucifixions par le linge recouvrant le bas ventre du Christ. Mais ici, il n?y a pas de rapport. Ce foulard accentue simplement le mouvement d'avancé du passeur qu'est saint Christophe. Il prend ici, vu le sujet, une pose statique, rendu  obligatoire par son rôle  d'intercesseur vers la vie éternelle.

le manteau de Christophe


Il porte un manteau vert, à galon orné de perles blanches, dont la doublure rouge, agrémentée d'un bouton jaune, apparaît avec un élément du col rabattu à l'échancrure du cou. Un damas égaie ce manteau. A l'opposé de celui que l'on trouve sur les rideaux de fond, ce damas est posé du côté extérieur.

Nous avons relevé à la cathédrale, sur les pièces de vêtement, une dominante de pose de damas sur la face extérieure du verre, mais nous ne pouvons en faire une règle.4 Malheureusement, comme c'est le cas pour ce manteau, la grisaille, donnant le dessin, qui n'a pas été enlevée lors du travail au pochoir, est le champ d'une culture de cratères.

l'eau et les vaguelettes


Derrière le donateur, et un peu en retrait, la jambe gauche du saint Christophe, malheureusement XIXe, entre dans l'eau. Verre bleu gris où la grisaille et le trait dessinent des vaguelettes d'une chute d'eau? faites de boucles successives, proches du motif d'ornementation appelé flots grecs.

Christophe de Lézongar


Christophe de Lézongar prend la pose de tout donateur, en orant, à genoux, sur un coussin rouge à l'unique pompon,  aux  motifs  de fleurs et de feuillages. Cette pièce a été diminuée, au cours des ans, d'une bonne partie.  Dessous, le sol  de couleur verte  reçoit diverses petites plantes dessinées aux traits de grisaille.

l
e prie-dieu et le livre saint


Sur le prie Dieu, jaune,  où s'ébauche une perspective pas encore au point, repose, directement sur le bois, et posé de biais, le livre ouvert sur des écritures, dont six traits de grisaille veulent imiter, sur la page de gauche, le texte. La tranche de ce livre, travaillée au jaune d'argent, est balayée d'une suite de X en enlevés.

l'utilisation de verre rose.


Quant à la page de droite, elle est à moitié cachée par les deux mains jointes du donateur. Un verre rose terne, le même que celui  des mains du saint Christophe, est ici utilisé, avec un  trait noir pour dessiner les doigts. Le médius et le petit doigt de la main gauche portent chacun une bague. Il en est de même pour l'index de l'autre main.

Ce verre rose est aussi utilisé pour le visage, dont les cheveux, très bouclés, sont dessinés avec un pinceau très fin. Ceux ci se terminent très fournis à l'arrière, prenant la forme d'un chignon. Ce verre rose est malheureusement, pour cette pièce, un champ de culture pour de gros cratères, dûs ,comme nous l'avons déjà vu, à la pose sur la face extérieure d'une grisaille ombrée.

l'armure du donateur
.

Ce donateur revêt une cotte d'armes bleue dont le collet a trois niveaux. Sur cette cotte il porte une croix d'or cantonnée à dextre d'une fleur de lys de même.


Un canon d'avant-bras,  en deux éléments, apparaît sur le bras gauche, au dessus de l'épée dont seuls apparaissent la poignée rouge et les quillons recourbées vers le bas. La lame est dans un  fourreau de couleur  violette- Cette enveloppe est faite dans une pièce de verre de trente-neuf centimètres de long.
Cinq centimètres d'une cotte de mailles dépassent en deux endroits sur sa cotte bleue,  nous permettant de découvrir deux tassettes.

Les jambes sont protégées par des cuissards, genouillères, jambières. lacées, et solerets. Ces pièces d'armures sont exécutées en  un verre incolore grisaillé et dépoli au dos. Des rivets ou écrous, animent ces pièces.


note
1   
de Lezongar seigneur de Prat ar Raz,
ou Pratanras. Seigneurie de la paroisse de Penhars, commune aujourd?hui englobée dans le grand Quimper. Du château primitif se voyait encore, le siècle dernier, XIXe, une tour hexagonale et des ruines d'un colombier. En 1780, le nabab René Madec racheta les titres et les lieux. Cette famille était déjà représentée dans le choeur de la cathédrale dans la baie 109, (1417-1419), où saint Julien portait sur sa cotte et sur son bouclier les armoiries de cette maison. Une autre baie, la 106, toujours dans le choeur, leur est attribuée, ainsi qu'un écu de la voûte. Dans la nef dont ils furent probablement commanditaire, si ce n'est donateur, de la baie 114, avec Ronan et Christophe de Lezongar, chevaliers vers 1495. Leurs possessions s'étendaient sur les paroisses de Penhars, Pluguffan, Ploneïs. Celles-ci comprenaient une soixantaine de manoirs, villages, maisons, champs ou sillons de terres isolées répartis sur 29 autres paroisses ou trêves dans Quimper, Plogastel-Saint-Germain- Pont-l'Abbé, Pont-Croix, Douarnenez, Locronan et Quemenéven. Ils avaient aussi le droit de hautes justices. En 1533, un Rolland de Lézongar est cité comme seigneur. Vers 1535, Hervé de Lézongar est chanoine et trésorier et chanoine de Cornouaille. En 1538, mort de Jeanne du Fresne, première épouse de Rolland, qui laisse deux filles, Jeanne et Marguerite. L'année suivante, Rolland se remarie avec  Claude du Juch. Ils ont un fils prénommé Rolland

2. Ces dimensions nous permettent une
approche des dimensions des fours de cuisson de ce siècle
; Pour cuire une pièce de quarante centimètres, le verre étant posé à plat sur une plaque, il faut donc utiliser une plaque d'une dimension  sensiblement supérieure, ce qui, en laissant une aération tout autour de cette dernière pour une meilleure chauffe, environ cinq centimètres de chaque côté, donne une surface de sole de 0,50 sur 0,50. Nous verrons plus tard qu'ils superposaient plusieurs étages de pièces sur une même plaque.

3,La lecture de la deuxième partie par Y.P. Castel, pourrait donner J U L I E N .
De quel saint Julien s'agirait-il ?
Dans la même cathédrale, dans la baie 109, un saint Julien porte sur sa cotte d'azur une croix d'or, et tient une bannière et un bouclier armoriés  des mêmes armes, celles de la maison de Lézongar. Il rappelle l'écuyer de la baie 113, mais porte cuissards, genouillères, jambière et solerets. Il s'agit de Julien dit le Pauvre ou l'Hospitalier, qui avait été militaire, mais qui a aussi une analogie avec saint Christophe. Avec sa femme sainte Basilisse ils font passer un fleuve dans leur barque. Une fois, c'est le Christ, caché sous la figure d'un pauvre lépreux. Un vitrail du XIVe siècle  de la cathédrale de Rouen narrait cette légende. A Chartres, baie 121, 1215-1225, une lancette raconte l'histoire de ce saint. Il en est de même à Guérande, église Saint-Aubin, baie 2, avec banderoles et inscriptions. A Sonzay, Indre et Loire, il accompagne un donateur XVIe Chez Jacques de Voragine, l'histoire est un peu différente. Le pauvre est devenu un étranger lépreux, à demi mort de froid qu'il accueille dans son hôpital après lui avoir fait traversé le fleuve. Celui-ci se transforma en un ange. Dans les deux cas, Rouen et Voragine, il tue ses parents dormant dans son lit, les prenant pour sa femme avec un amant.  Dans le Vie des saints Bretons d'Albert Le Grand le même thème du passage d'une rivière est repris : « Le  saint roi Judicaêl voulant aller prier devait traverser un gué. Sur la rive il y avait Notre-Seigneur en lépreux qui voulait passer. Judicaêl retint son cheval et monta  derrière le lépreux. »

Existance d'édifices patronnés par Saint-Julien.

Au XVIe siècle il existait une chapelle Saint-Julien au Pouldu en Clohars-Carnoët, une seconde mais existante encore et de la même époque, à Guilligomarc?h. A  Landerneau, c?est auprès de l?Elorn, sur la rive gauche, qu?au XVIe fut édifiée une chapelle puis église tréviale sous le patronage de  Saint-Julien. Deux hôpitaux, toujours à la même époque prirent son nom, à Landerneau et Quimper, ainsi qu?à cette dernière, une paroisse et un autel à la cathédrale

4, A Locronan, chapelle du Pénity, les
damas sur les
fonds sont exécutés sur les faces extérieures et au pochoir. Sur la robe de la sainte Catherine, c?est à la main et du côté intérieur. Certains historiens donnent la date de 1480 comme date d?apparition du pochoir en cuivre

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