Le 4 juillet 1929, l’archiviste ordinaire de Lorient faisait une proposition pour l’inscription en tant que mobilier des vitraux du XVIème siècle qui se trouvait dan la fenêtre sud de la chapelle Saint Adibon, du village de Tréauray en Languidic.
A la rubrique, sur l’état de conservation, il indiquait que ce vitrail était délabré et lors de la description sommaire qu’il joignait au dossier, il relevait :
« Qu’il reste une surface d’environ 2m2. A la partie circulaire : le Christ en Croix avec Saint Jean, la Vierge et les deux larrons crucifiés. Cette partie est d’état passable et complet. En dessous, sont regroupés des têtes et partie de personnages pouvant représenter, soit les apôtres réunis, soir la Cène ou tout autre fait de la vie du Christ. Cette deuxième partie est en mauvais état, des pièces disparates y ont été incorporées. Un quart, à peu près, de ce motif est replié et les plombs peuvent céder ». Cet archiviste termine en réclamant une dépose urgente, ainsi qu’une remise en plomb. LA PREMIERE RESTAURATION DE 1932.
Deux ans plus tard, suite à sa visite sur place, l’architecte en chef des Monuments Historiques, Gabriel Brun, de retour à Paris, transmet, le 9 novembre 1931, au Directeur Général des Beaux-Arts , un devis pour la restauration de ce vitrail, classé entre temps .
Lui aussi réclame : une réparation tout à fait urgente et, sans attendre craignant que le vitrail disparaisse ».
La surface est alors de 1.50 m2 et le coût total de l’opération de 1.534 francs et 29 centimes.
l'évacuation du vitrail pour protection par mesure de sauvegarde
Une fiche de recollement, non datée, nous apprend que le vitrail est évacué en un dépôt en Maine et Loire dans les caves du Château de la Loire.(probablement pour protection durant les événements futures 39-45, Lorient étant proche). Le 24 novembre 1946, une fiche de Monsieur Cormon architecte des bâtiments de France nous apprend le retour des vitraux en provenance de Fougéres
AUTRE ASPECT
la mémoire locale affirme qu’ils avaient été conservés à l’ile Berder.
Dans le bas de la fenêtre sont apparus, du moins sur une photo de 1947, deux panneaux de losanges. Qui avait-il avant ? Probablement rien. Aucun des rapports n’en fait état. LA CRUCIFIXION
Le vitrail se trouve inclus dans une baie qui a l’origine présentait deux lancettes et un tympan ouvragé, probablement du XVIème siècle.
Les deux panneaux constituant la Crucifixion et faisant1.21 mètre de large ne présentent aucune trace de coupe verticale. Ils ne proviennent donc pas de cette fenêtre. On ne peut non plus affirmer qu’ils ne peuvent avoir été dans une autre baie de la chapelle. DES VITRAUX DE NOTRE DAME DES FLEURS IMIGRANT A ST ADIBON
Dans la première partie du XIXème siècle, la chapelle Notre Dame des Fleurs avait de belles fenêtres avec quelques fragments de vitraux comme le confirme Rosenweig. Ont-ils émigré vers St Adibon ?
Le sujet de la Crucifixion ne correspond, ni par l 'échelle, ni par l’iconographie, aux deux panneaux inférieurs de 0.65 mètre sur 0.50 dont le sujet fut une Dormition de la Vierge. La date de 1588, que l’on découvre au bas de cette Dormition, ne peut concerner que celle-ci.
Pour la Crucifixion, tout au plus, on peut affirmer qu’elle est bien du XVIème, mais plutot de la deuxième partie de ce siècle.
L’ETAT DE CETTE CRUCIFIXION EN 1994
Les deux sujets, Crucifixion et Dormition, s’opposent par l’échelle de leurs personnages et par leur nombre : 5 pour le premier et 13 de l’autre ; On ne peut parler de profusion pour le dernière scène mais ce nombre est propre à cette représentation ;
La composition symétrique de cette Crucifixion, très dépouillée, Vierge, saint Jean, Christ, bon et mauvais larron, est dans la ligne du Moyen Age .
LA DORMITION DE LA VIERGE.
C ‘est un sujet de vitrail très répandu en Bretagne au XVIème siècle et qui suit la tradition du siècle précédent où prédomine l’idée de l’Absoute. Une dizaine de représentation existe encore dans notre région.
Ici, malheureusement, des restaurations successives ont rendu la scène difficilement compréhensible .Mais la Vierge allongée et le grand nombre d’Apôtres dont certains tiennent en main un livre, celui de l’absoute nous font penser à ce sujet.
Certes, il manque des personnages significatifs de cette scène, comme St Pierre aspergeant le corps de Marie d’eau bénite, ou autres apôtres tenant encensoirs ou portant la croix des funérailles
Seules les têtes, plus ou moins effacées, sont d’origine. Parmi celles-ci, à l’extrême droite,on découvre la tête d’un grotesque, provenant d’un autre panneau, probablement d’une architecture renaissance. La façon de traiter l’œil nous l’indiquant. Elle est mise en bouche-trous comme nous l’avons trouvé à Tréflévénez, à la place d’un bouclier, ou à Douarnenez, chapelle Sainte Hélène, comme pièce de manteau.
Des pièces anciennes, bleues et rouges, sans figuration, ont été ajoutées dans le haut. La coupe des têtes au niveau du front ne fait que conforter cette hypothèse.
Cette fenêtre avec ses deux sujets ne peut laisser indifférent. C’est un jalon de l’histoire du vitrail en Bretagne il y a 400 ans.