3 août 2007
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. Avant-propos
Dans cette étude des vitraux des baies hautes du transept et de la nef de la cathédrale Saint-Corentin, de Quimper, il n?est pas ou rarement question des réseaux de ces baies. Ils sont tous d?époque XIXe , à l?exception de deux soufflets de la baie 131,
La numérotation des baies est celle instituée par le Corpus Vitrearum Internationale. Les numéros pairs sont du côté sud et les impairs du côté nord. Les fenêtres hautes prennent les centaines et le décompte commence par la fenêtre du chevet à qui l?on donne le numéro 0 pour les baies basses et 100 pour les baies hautes.
Baie 113, Vitre de Jean Le Baillif,
Cette baie, la première du côté Est du bras Nord du transept, est composée de cinq lancettes trilobées de vitraux de la fin du XVe siècle. Chaque lancette possédant 4 panneaux de vitraux.
Cette estimation peut être confirmée, tout d?abord par la datation de la construction des trois voûtes du transept en 1486, puis par la construction de ce croisillon qui est signalée en 1477 et 1478 (1) .
Le troisième élément confortant cette proposition est la présence de 1468 à 1494, en tant que chanoine de la cathédrale de Quimper, de Jehan Le Baillif, archidiacre du Désert, au diocèse de Rennes, que l?on voit en donateur dans cette verrière.
On peut aussi affirmer que cette fenêtre est bien à sa place d'origine et cet argument est renforcé par la présence d?un écusson, visible sur la voûte vis-à-vis, et qui est identique à celui qui s?étale sur le prie-Dieu de ce chanoine donateur..
Les descriptions des historiens du XIXième.
Les descriptions qu'offrent, R.-F. Le Men(2)en 1877, et l'abbé Alexandre Thomas en 1892(3), se correspondent. Celle du second étant plus succincte : <<1. Un saint évêque ; 2. Saint Michel : 3. Un écuyer ; 4. Saint Christophe : 5. Saint Jean-Baptiste, présentant Jean Le Baillif, chanoine de Quimper, (1468-1494). Armes de Jean Le Baillif : écartelé d'or et de gueules.>>
Pour Aymar de Blois, il ne voit à l'époque de son relevé de 1820,<< que quatre des panneaux restant de ce vitrail>>(4) De plus, il signale que l'évêque est<< Saint Corentin remarquable par son poisson>>. Quant à ce poisson, dont la présence n?est pas signalée par les deux historiens de la cathédrale, cités plus haut, nous en avons cherché en vain un emplacement possible parmi les pièces qui sont toutes anciennes et bien à leur place.
Autre désaccord que nous relevons et cela à propos du chanoine donateur présenté par saint Jean-Baptiste.
<<L'écusson qu'on remarque sur son prie-Dieu, et qui est écartelé rouge et or, indique qu'il était de la maison du Boisberthelot. On voit les mêmes armes sculptées sur la nervure de la voûte aux environs>> écrit Aymar de Blois.
Il est vrai que les deux armoiries correspondent(5) et cela peut prêter à confusion, et même mettre le doute. A cette époque, il y a bien dans le clergé, un Boisberthelot, mais il est abbé de l'abbaye de Bon-Repos, où il est signalé en 1484.
La composition, telle que l'a relevé Aymar de Blois, et qui se trouve être la plus ancienne, avec un écuyer central entouré de saint Michel et saint Christophe, le saint Corentin relayé avec le donateur aux extrémités, ne nous satisfaisait pas entièrement. Nous aurions aimé proposer une autre, avec saint Corentin au milieu, ayant à sa droite le donateur et saint Michel à sa gauche, l'écuyer et le saint Christophe prenant les extrémités.
Mais aucun élément d'archives ne pouvait soutenir notre réflexion. Nous l'avons donc purement et simplement annulée, bien que nous ne comprenons toujours pas la place de cet écuyer au centre de cette baie.
Saint Corentin, première lancette.
Pour ce saint évêque, nous maintenons la proposition d' Aymar de Blois, qui y voyait un saint Corentin. Un autre saint Corentin, il s?agit là d?une proposition de Le Men(6), intercède pour Bertrand de Rosmadec en la baie 105 du choeur.
Sur fond d'une tenture bleu à damas intérieur, au semis d'étoiles à 8 branches, soutenue et tendue par un galon en jaune XIIIe, décorée d'une frette, notre évêque se dresse, dans un geste d'accueil et de bénédiction, debout sur un sol de carreaux jaunes dont la trame des joints s'inscrit dans une perspective de profondeur.
Un nimbe d'un brun rouge-carmin encadre une mitre, malheureusement pas d'origine, ce qui est le cas aussi de la crosse de son bâton pastoral. Le visage, heureusement d'origine, en verre rose plaquée a perdu une grande partie de son dessin. On peut cependant y relever l'expression d'une certaine paix.
Le collet d'une aube dont nous retrouverons la manche droite et le bas traînant sur le sol, laissant apparaître le soulier gauche, s'échappe d'une chasuble réversible rouge et verte décorée d'un orfroi, en forme de croix, pour lequel il est utilisé un verre incolore et du jaune d'argent. Cette chasuble est portée sur une tunique, ouverte sur les côtés. Le mouvement du bras et de la main droite relève cette chasuble, ce qui est bien indiqué par l'élément horizontal de la croix. Cette chasuble, peut être à cause du poids de l'étoffe et la pose plus basse de l'autre bras, tombe plus bas de ce côté, en dévoilant sa doublure de couleur verte.
Les deux mains et les bras, seul celui de droite est visible, sont habillés de gants exécutés dans un verre bleu clair et plaqué sur verre blanc. Ce plaquage de bleu a permis de dessiner des bijoux, après la dépose de la plaque de bleu et l?ajout sur le verre blanc de jaune d'argent, Il s?agit, sur le pouce de la main droite, d?une bague et, sur l'autre main, en plus d'une bague sur le médius, d?une incrustation sur le dos du gant de cinq pierres montées en croix .
Saint Michel, seconde lancette.
Il est revêtu d'une armure, réalisée en verre d'un bleu gris clair, , le même que celui des gants de saint Corentin. Le casque est absent. Le même verre est utilisé pour le bouclier (7) les gantelets. Malheureusement do la grisaille a disparu. Cela est dû, semble-t-il, à la qualité de ce verre.
Cet archange, portant serre-tête avec petite croix et nimbe rouge, se dresse sur des jambes écartées.
L?une de ces jambes foulent un monstre à cornes, traité avec un verre d?une couleur de cendre brûlante. Il s?agit ici d?un verre plaqué dont la couche colorée posée sur la face intérieure a été attaquée par la condensation. Ce qui laisse apparaître une nuée de points blancs.
Quant au monstre, renversé sur le sol, le bâton de la croix dans la gueule, il essaie, avec ses dents et d'une patte aux doigts crochus d'en freiner la rentrée.
La composition de cette lancette, comparée à celles de saint Corentin, du donateur ou de l'écuyer, offre, avec celle de saint Christophe, un dynamisme apporté par les divers éléments dont elle est composée : le démon la tête en avant; les jambes de saint Michel, sa croix, le bras droit ouvert tenant l'épée aux quillons recourbés; le gauche ramené sur la croix.
Ces éléments, épée, bras, guident notre regard le long de la croix jusqu'à la bête. Le tout sur un fond de tenture que déchire à droite et à gauche les ailes aux ramiges violettes et couvertures vertes et un sol, en verre incolore au dessin très effacé, semé de cailloux et de plantes colorés au jaune d'argent.
Le visage de saint Michel, en verre incolore mais bien effacé, révèle quand même une pose un peu penchée d'un quart sur sa droite, vers le démon. Ses cheveux, bien séparés et coupés aux épaules, tombent des deux côtés.
Sur le bandeau jaune apparaît le texte MIKAEL : ARCHANGE.
L'écuyer, troisième lancette.
Gentilhomme qui accompagne un chevalier et porte son écu, ou jeune noble non encore armé chevalier.(8)
Quant à moi, je pencherais pour la première définition. Il s?agit bien d?un chevalier, il porte bien l'écu. Qui est-il? Le Men y voit les armes qui rappellent celles de Lezongar de la seigneurie de Pratanras, en la paroisse de Penhars, actuellement en Quimper.

Ces armes devraient être d'azur chargé d'une croix d'or cantonnée à dextre d'une fleur de lys de même, ce qui n'est pas le cas ici avec trois autres fleurs de lys. Ce blason est inconnu au Nobiliaire et Armorial de Bretagne. Ces armes se retrouveront dans la baie 114, avec Ronan de Lezongar ( mais XIXe) ainsi que dans la baie du choeur 106(9) avec un probable Paul de Lezongar. Quant à la place, au centre, de cet écuyer, nous ne pouvons que la constater. Est-ce une idée de Le Men ou du restaurateur XIXe, ici Lusson ou Lefèvre(10).
Au-dessous du choeur à la voûte rouge, le bandeau jaune, aux enlevés au bois dessinant des motifs floraux, tend un rideau couleur lie de vin sur lequel se détache l'écuyer. Il est coiffé d'une toque verte au graphisme de feuilles proche d'une couronne de lauriers, d'où s'échappe un panache blanc. De la main gauche, non protégée comme l'autre par des gantelets, cet homme tient une lance, dont la partie finale est identique à celle que Mantegna met dans la main de saint Georges(12)et dont le haut se pavoise ici d'une oriflamme à deux pans qui prend le même sens que le plumet de l'écuyer.
Visage, en verre rose plaquée sur blanc et d'origine, aux longs cheveux au jaune d'argent et aux enlevés à la pointe. Yeux très noirs, perdus dans le vague, qui donnent un regard froid à ce visage encore jeune, et très légèrement tourné vers sa droite; nez fort, double menton.
Un collet en cotte de mailles sort d'un justaucorps bleu, non serré à la taille, aux manches courtes, où règne les armes des possibles de Lezongar. Armes que l'on retrouve sur le bouclier posé à terre, et qu'il tient de la main gauche. Les jambes protégées par des cuissards, genouillère et jambières, et les pieds par des solerets, reposent sur un sol bleu-vert, aux multiples plans.
Saint Christophe.quatrième lancette.
Alors que le saint Christophe de la baie 115 lutte contre le courant, les deux mains sur le tronc d'arbre, celui-ci est trapu, solide, les jambes bien plantées dans le torrent qui coule, de gauche à droite. Son arbre bâton y est bien planté, la main droite le prenant tout en haut au pied de la fourche. De la gauche il maintient l'Enfant Jésus, dont le pied gauche est probablement dans cette main.
La composition de ce personnage, sur fond rouge lie de vin, à damas, révèle un auteur qui semble appliquer une construction du dessin faite d'obliques se succédant. La main droite, le visage, la seconde main suivent une droite qui rencontre à angle droit une seconde, donnée par le manteau blanc et le genou. Cette oblique est de plus reprise par la jambe droite qui semblent, sous l'eau, rejoindre la gauche, dessinant un Z que l'on retrouve dans le haut du saint Michel.
Cette composition est calée par le bâton dont la verticalité annonce celle de l'enfant Jésus dont les doigts de la main droite sont ici levés. La jambe gauche, jusqu'au mollet dans l'eau, répète en bas cette verticalité. L?eau du ruisseau, dont il ne reste du dessin, que le négatif d'un courant dressent des vagues aux crêtes d'écume
On peut, en voyant ce saint Christophe, sans nimbe, penser à Hercule, qui comme lui est né pour servir, mais aussi à toutes les représentations de ce saint, parfois géantes, que le clergé du XVIIIe jugeait tout juste digne d'amuser les enfants et qu'il fit détruire, lui que le peuple venait implorer pour éviter la mort subite, en tant que patron du passage en l'au-delà.
Robe verte, courte et ouverte sur le devant, fermée par deux boutons sur le côté droit, manteau blanc jeté autour de la taille et sortant par-dessus le bras gauche. Visage d'origine en verre rose, barbe fournie, cheveux avec de larges crans, nez fort, vu du dessous, yeux profonds et noirs sans iris, qui se tournent vers l'enfant dont la main gauche présente le globe terrestre, en jaune d?argent sur verre incolore, surmonté de la croix, en verre incolore comme le visage et le nimbe crucifère et dont le visage, encadré de cheveux sur jaune d'argent, est éclairé par deux petits yeux regardant dans le lointain.

La scène se déroule sur fond de tenture à damas, de couleur bleue, identique à celles de saint Corentin et saint Michel, et galon jaune XIIIe avec texte, coupé par le nimbe rouge de saint Jean, où l'on peut lire VN AVE : MTDOVE. Au-dessus, le choeur offre ses voûtes couleur vieux rose.
L'on voit ici le premier couple chanoine donateur et saint patron intercesseur du transept. Cet exemple de chanoine donateur se répétera autant dans ce transept que dans la nef, et cela dans la continuité des baies hautes côté Nord du choeur.
Que cherchent-ils par leur image: affirmer leur place au sein de l'église, contrecarrer par leur image la place prise par le monde féodal dans cette figuration, ou, tout simplement, comme cela est écrit dans les Statuts de Tréguier en 1455, mais cela pour les laïcs, soit par dévotion, soit par ambition et vanité?
La peur de la mort se doit d'être bien pour quelque chose dans cette effigie et semble être bien indiquée par la présence du saint patron, intercesseur et garanti du salut dans l'éternité. Le don rentre aussi en ligne de compte. N'accroît-il pas, comme le dit Roger Barrié,(14), <<les mérites individuels et constitue un poids à jeter dans la balance du jugement dernier>>? Il ajoute que << Les mérites, que le saint protecteur présente, effacent l'interrogation personnelle devant la mort et la crainte du néant. Il ne faut pas négliger le souci de gloire éternelle. >>
Il est donc là ce chanoine donateur, en orant, à genoux devant son prie-Dieu recouvert d'un tissu vert décoré de son écusson écartelé d'or et de gueules. Le livre de prière, ouvert et à tranche dorée, porte l'indication de neuf lignes sur la page de gauche et dix sur celle de droite.
La tête et les mains sont exécutés dans un verre rose plaquée, dont la fabrication en plateau est signalée par des courbes concentriques visibles sur le verre.(15) Pour la chape, très longue et ample, l'auteur utilise le jaune XIIIe sur lequel il pose un dessin à grand damas. Les pièces de verre sont assez grandes, et l'on peut comprendre pourquoi l'une n'a pas la même teinte ni la même qualité de grisaille bien qu'elle soit ancienne, possible restauration postérieure.
L'orfroi, en verre incolore, présente sur les bords un filet de perles blanches entourant un motif central répétitif composé de deux amandes opposées tête-à-tête et encadrées de couples de perles. Les ombres portées sont posées à la grisaille. Un fermail, ou plutôt mas de chape, décoré d'un grand losange, maintient les deux pans de cet habit, dont la doublure violette apparaît dans le plis du bas, tandis qu'un élément de l'orfroi, en forme de demi-écu, apparaît au dos, orné d'une niche avec un saint, sans attribut visible. Un élément de surplis encadre les mains jointes.
Le visage, aussi en verre rose, vu de trois quart, comme le personnage, vit de deux yeux noirs sans iris, typiques de cette baie. Le nez fin est poi
ntu, le menton fort, l'oreille gauche se devine sous les cheveux ramenés sur le devant et portant une large tonsure.
Manteau rouge, découvrant l'épaule droite d'une robe lie de vin, aux manches courtes, ici encore un v
erre plaqué, la main gauche posée sur le chanoine, l'autre tenant son attribut, voici saint Jean-Baptiste, saint patron du donateur et intercesseur.
L'agneau au nimbe crucifère, la tête tournée vers saint Jean et allongé dans l'autre sens sur le livre de biais, est dominé par la croix à l'étendard qu'il doit tenir entre ses pattes. La ferrure séparant les deux panneaux a facilité à l?auteur l'absence de recherche de dessin. Cette croix aurait du être tenue par une de ces pattes, mais ici, seule une patte, celle du train avant, est visible. Pour l'exécution de cette pièce, un verre verdâtre a été choisi.
Les socles.
Au nombre de cinq, un par lancette, ils offrent trois faces, dont la principale est coupée dans une pièce de verre incolore de 33 sur 21 centimètres.

Le socle repose sur deux contreforts angulaires, dont la perspective, en les présentant de biais, augmente leur puissance. Deux autres contreforts, bien plus légers, effet dû à la perspective, soutiennent eux aussi cette architecture répétitive, percée de quatre ouvertures longilignes et cintrées, sous une moulure comportant un bandeau et un boudin encadrant un congé décoré de feuillages au Jaune d'argent.
Un pignon ornemental et pointu, agrémenté et couronné de fleurons, surmonte une ouverture à contre-courbe, et découvre une croisée d'ogives, au-dessus d'un sol de couleur bleu-vert dont les traits de grisaille dessinent des volutes qui se serrent en avançant vers le fond. Aucune colonne ne monte de ce socle vers le dais
Les dais
Edifice de soixante six pièces, en verre incolore sur ciel, tour à tour de
couleur lie de vin, pour le premier et la dernière lancette, puis bleu pour la seconde et la troisième, et rouge pour la centrale. La lumière qui anime les éléments d'architecture vient du Nord. Nous sommes ici, comme nous l'avons indiqué, avec une baie est du bras Nord du transept.
Dans la nef et le choeur, cette lumière dans la presque totalité, vient de l'Ouest, que cela soit pour les baies du côté Nord ou Sud.
Le clocher tour, dont seules trois faces à petit pignon sont visibles, se termine par un gros fleuron(16)de verre de couleur que deux pinacles encadrent. Le jaune d'argent côté extérieur, et le trait de grisaille face intérieure, sur un lavis tamponné avec enlevés au bois et à la brosse, sont omniprésents aux trois étages de cet édifice, dont le second offre ses volés, ces arcs-boutants, ses pinacles, ses claires voies sur le ciel de couleur. Au-dessus du choeur, le premier étage offre des gables ornementaux, pointus aux courbes parallèles et concaves encadrant un écoinçon, le tout entouré de deux choux. Deux culées maintiennent la poussée de l'ensemble, tandis que deux cules de lampes annoncent deux colonnes se terminant en pinacle au deuxième étage.
Cette fin du XVe est en plein dans << l'apprentissage des lois de la perspective.(17)>>, et ces architectures, de toutes ces baies de la nef et du transept, offrent les premiers balbutiements.
Les verres et la peinture.
La palette de couleurs de cette baie est assez riche, surtout dans les verts. Cela est peut-être due à la diversité de teintes dans une même feuille, ce qu'il est possible de relever dans l'herbe au-dessous du saint Christophe, ou dans la doublure de la chape de saint Corentin. Il en est de même pour les bleus, bleu de l'écuyer et bleus des rideaux. Les plaqués se trouvent avec les rouges, plus ou moins forts et qui ont bien tenu, le violet cendre du démon plus fragile, dû à l'épaisseur du placage, comme c'est le cas de la robe de saint Jean, les roses des visages, mains et jambes, ici ayant bien traversé les âges. Est-ce à cause de la qualité du verre ou de la grisaille, ou d'une mauvaise cuisson que le visage du saint Corentin est devenu si pâle? Nous ne saurons y répondre. Présence omniprésente du Jaune XIIIe. Parmi les verres incolores des dais, nous avons trouvé certaines de ces pièces bombées, effet plutôt dû à la cuisson, et portant des taches de jaune d'argent provenant d'une superposition, là aussi dans le four lors de la cuisson, la pellicule de plâtre les séparant devant être trop fine. Ce défaut, si l?en est un, nous l?avions aussi trouvé dans les baies hautes du choeur. On peut relever une trame horizontale et parallèle de 21 et 22 centimètres de haut est portée sur toutes les lancettes(18)
Les gravures de repères(19) posées du côté extérieur sont peu nombreuses et se trouvent essentiellement sur les verres de couleurs des ciels et des fleurons supérieurs des dais en a4 et d4.
Une autre gravure répétitive, verticale et de trois centimètres, toujours du côté extérieur, se trouve au milieu du panneau d4, et sur plusieurs pièces. Indique-t-elle que le panneau était mis en plomb, la face peinte, qui est posée du côté intérieur de l'édifice, sur la table de montage. Ce trait permettrait d'établir des côtés parallèles lors du montage? Cette gravure nous le retrouverons sur d?autres baies.
La coupe des verres est dans l'ensemble assez facile, cela étant du à la simplicité du dessin, qui montre une certaine maîtrise du métier de la part de l'auteur.
La grisaille employée est un mélange de brun et de noir, à quantité égale, et très intense lors de l'application au trait. Après la dépose en lavis, elle est tamponnée du côté intérieur, tandis qu'elle n'est juste posée qu?en lavis sur l'autre face, ombrant certains endroits Les enlevés sont au bois et à la pointe. Des hachures(20) aux traits de grisaille et en enlevés se retrouvent autant sur les vêtements que sur les visages, mais avec une certaine sensibilité et sans démesure. La sanguine n'est pas encore employée.
Le jaune d'argent est posé régulièrement, avec les changements de tons qu'apporte la cuisson et le verre.
Les cratères, petits comme des têtes d'épingles, exemple : démon, et robe de saint Jean, plus importants sur certaines couleurs, sont nombreux sur la face intérieure et quasiment absent sur l'autre face (21)
Notes.
1, R.-F. Le Men, Monographie de la cathédrale de Quimper, p.243-244,
2, R.-F. Le Men, op. cit. p.134. De plus, le même auteur, p. 125, signale qu'à la mort de Thibaut de Malestroit, évêque de Quimper en 1479, Jean Le Baillif fut élu par le chapitre pour lui succéder mais ce choix ne fut pas agréé par le duc de Bretagne.
3, Abbé Alexandre Thomas, Visite de la cathédrale de Quimper.1892 p.117, et La cathédrale de Quimper, 1904, p.51
4, Arch. Dioc. Quimper, Registre de Boisbilly, 8 L 1.Oncle d?Aymar de Blois, l?abbé de Boisbilly avait dessiné l?architecture des fenêtres de la cathédrale en pleine page de 1770 à 1772. Ce travail, il devait le compléter par la suite avec les dessins des vitraux, mais il fut malheureusement appelé à d?autres fonctions. A. de Blois, héritant de ce registre, en fait don à l?évêque André, le 5 janvier 1804, mais le ré annote en 1820 et 1821 et donne alors la description des vitraux et leur état. Il le remit de nouveau à l?évêque de Quimper, Mgr Graveran, le 5 septembre 1842 <<pour l?usage de la cathédrale >>. Il rajoute << malade d?une fluxion, charge son fils Louis de le remettre à l?évêque>>
5, P.Potier de Courcy, Nobiliaire et armorial de Bretagne, p.35 et 105.
6, R.F. Le Men, op. cit. p.24,
7, Dans la baie 131, il possède un bouclier et dans la baie 109, un casque avec heaume relevé, et l'épée dans le fourreau.
8, Dict. Petit Larousse.
9,Le Men, op. cit. p. 28.
10,Lefèvre Léon, atelier, 21 rue de Laval, Paris. Collaborateur Maréchal, Lusson, Lechevalier-Chevignard (1879) Michau. Succède à Lusson, signature difficilement lisible par perte de grisaille sur baies 113 et 115.
11, Pour les seigneurs de Prat ar Raz voir notes baie 114.
12,Musée de l'Académie, Venise, vers 1460.
13,P.Potier de Courcy, op.cit. seigneur de Kersimon et de Kerouledic, paroisse de Plouguin. Références et monstres de 1427 à 1503 à la dite paroisse de Plouguin.
14, Roger Barrié, Thèse, de IIIecycle U.H.B. U.E.R des Arts, Rennes 1978. p. 113
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16.<< L'art gothique imite de préférence les bourgeons et les feuilles enveloppées du commencement du printemps. >> Emile Male, L'art religieux au XIIIes.
17, Emprunt à Ekaterina Zolotova, Livres d'heures, Ed. D'Art Aurora, Lenningrad, Ars Mundi 1991. Dans ce livre, cet auteur signale que l'artiste Tourangeau, Jean Fouquet (1427?-1480) fut le premier artiste français à se rendre en ltalie, et qu'il y découvrit la perspective lors de son premier voyage. Dans La Perpective en Jeu de Philippe Comar, édition, Découverte, Gallimard, nous relevons que vers 1415, Philippo Brunelleschi réalise une première expérience sur les grands principes de la perspective, que reprendra Leon Battista Alberti en 1435 dans son traité Della Pittura. Quelques années plus tard, Piero della Francesca sort son manuscrit De Prospectiva pingendi. Quant au, premier traité de perspective imprimé, il date de 1505 et est du à Jean Pellerin.
18.Ce rythme en hauteur, nous le trouvons dans de nombreuses verrières des XVe et XVIe comme Sainte Cécile en Briec, le Pénity en Locronan, la Vie de la Vierge posée dans l'église neuve de Concarneau. Il en est de même pour les baies hautes du choeur de la cathédrale de Quimper.
19, J.P.Le Bihan, Gravures de repère sur les vitraux bretons des XVe et XVIe. Bulletin de la Société Archéologique du Finistère, T.CXXII
19 bis, chaque lancette d?une baie reçoit une lettre a, b , c, d , e etc. de gauche à droite. Les panneaux sont numérotés de bas en haut. Ainsi a1 est le premier panneau du bas de la première lancette de gauche
20. Les hachures n'ont rien à voir avec la gravure comme l'ont écrit certains auteurs. Il s'agit d'un procédé et une façon d'ombrer. A la même époque, nous trouvons l'application de ces hachures dans de nombreux livres d'Heures. Certes nous n'y trouvons pas de hachures en enlevés, mais la pose d'une teinte plus claire. Un autre procédé, que l'on retrouve en vitrail, est la pose de jaune orangé, par tache ou hachuré, sur les visages et partis du corps humain. Cela n'est pas sans rappeler certains emplois du jaune d'argent, autant au XVe qu'au XVIe
21, Etat des vitraux de la cathédrale Saint-Corentin eu milieu du XIXe siècle par le baron de Guilhermy, document communiqué par M.Couffon. BSAF, t.LXXXIX. 1963, p.xcvii et suivantes.
<< Le baron de Guihermy, membre de la Commission des Arts, visita Quimper le 2 octobre 1848 et rédigea un mémoire d?après ses notes. Nommé membre de la Commission des Monuments Historiques en 1860, il entreprit un voyage en France et séjourna à Quimper du jeudi soir 28 octobre 1862 au samedi 30 à midi et compléta alors ses premières notes>> Son mémoire a comme référence : B.N. Nouv.aq.fr. 61006, p.335 et suivantes. Les baies n?y sont pas numérotées et distribuées en cinq lieux : Vitraux de la chapelle des fonts, vitraux de la Nef, vitraux du transept, vitraux du choeur, vitraux de la chapelle terminale.
Pour la baie 113, qui nous intéresse, nous pouvons relever dans ce mémoire : un personnage debout, imberbe, coiffé d?une toque verte à plume blanche, portant une armure et pardessus une cotte d?azur à la croix d?or cantonnée de quatre fleurs de lys de même. Il tient de la main gauche une lance à banderole blanche et s?appuyant de la droite sur un bouclier blasonné comme la cotte. Ne sait-ce pas saint Louis ? Il s?agit de l?écuyer de Prat ar Rouz
Saint Michel vainqueur du démon ; saint évêque bénissant, décrit comme saint Corentin par Aymar de Blois, saint Christophe passant l?eau avec le Christ sur son épaule, qui peut être aussi bien celui de la 115
Dans cette étude des vitraux des baies hautes du transept et de la nef de la cathédrale Saint-Corentin, de Quimper, il n?est pas ou rarement question des réseaux de ces baies. Ils sont tous d?époque XIXe , à l?exception de deux soufflets de la baie 131,
La numérotation des baies est celle instituée par le Corpus Vitrearum Internationale. Les numéros pairs sont du côté sud et les impairs du côté nord. Les fenêtres hautes prennent les centaines et le décompte commence par la fenêtre du chevet à qui l?on donne le numéro 0 pour les baies basses et 100 pour les baies hautes.
Baie 113, Vitre de Jean Le Baillif,

Cette baie, la première du côté Est du bras Nord du transept, est composée de cinq lancettes trilobées de vitraux de la fin du XVe siècle. Chaque lancette possédant 4 panneaux de vitraux.
Cette estimation peut être confirmée, tout d?abord par la datation de la construction des trois voûtes du transept en 1486, puis par la construction de ce croisillon qui est signalée en 1477 et 1478 (1) .
Le troisième élément confortant cette proposition est la présence de 1468 à 1494, en tant que chanoine de la cathédrale de Quimper, de Jehan Le Baillif, archidiacre du Désert, au diocèse de Rennes, que l?on voit en donateur dans cette verrière.
On peut aussi affirmer que cette fenêtre est bien à sa place d'origine et cet argument est renforcé par la présence d?un écusson, visible sur la voûte vis-à-vis, et qui est identique à celui qui s?étale sur le prie-Dieu de ce chanoine donateur..
Les descriptions des historiens du XIXième.

Les descriptions qu'offrent, R.-F. Le Men(2)en 1877, et l'abbé Alexandre Thomas en 1892(3), se correspondent. Celle du second étant plus succincte : <<1. Un saint évêque ; 2. Saint Michel : 3. Un écuyer ; 4. Saint Christophe : 5. Saint Jean-Baptiste, présentant Jean Le Baillif, chanoine de Quimper, (1468-1494). Armes de Jean Le Baillif : écartelé d'or et de gueules.>>
Pour Aymar de Blois, il ne voit à l'époque de son relevé de 1820,<< que quatre des panneaux restant de ce vitrail>>(4) De plus, il signale que l'évêque est<< Saint Corentin remarquable par son poisson>>. Quant à ce poisson, dont la présence n?est pas signalée par les deux historiens de la cathédrale, cités plus haut, nous en avons cherché en vain un emplacement possible parmi les pièces qui sont toutes anciennes et bien à leur place.
Autre désaccord que nous relevons et cela à propos du chanoine donateur présenté par saint Jean-Baptiste.
<<L'écusson qu'on remarque sur son prie-Dieu, et qui est écartelé rouge et or, indique qu'il était de la maison du Boisberthelot. On voit les mêmes armes sculptées sur la nervure de la voûte aux environs>> écrit Aymar de Blois.
Il est vrai que les deux armoiries correspondent(5) et cela peut prêter à confusion, et même mettre le doute. A cette époque, il y a bien dans le clergé, un Boisberthelot, mais il est abbé de l'abbaye de Bon-Repos, où il est signalé en 1484.
La composition, telle que l'a relevé Aymar de Blois, et qui se trouve être la plus ancienne, avec un écuyer central entouré de saint Michel et saint Christophe, le saint Corentin relayé avec le donateur aux extrémités, ne nous satisfaisait pas entièrement. Nous aurions aimé proposer une autre, avec saint Corentin au milieu, ayant à sa droite le donateur et saint Michel à sa gauche, l'écuyer et le saint Christophe prenant les extrémités.
Mais aucun élément d'archives ne pouvait soutenir notre réflexion. Nous l'avons donc purement et simplement annulée, bien que nous ne comprenons toujours pas la place de cet écuyer au centre de cette baie.
Saint Corentin, première lancette.

Pour ce saint évêque, nous maintenons la proposition d' Aymar de Blois, qui y voyait un saint Corentin. Un autre saint Corentin, il s?agit là d?une proposition de Le Men(6), intercède pour Bertrand de Rosmadec en la baie 105 du choeur.
Sur fond d'une tenture bleu à damas intérieur, au semis d'étoiles à 8 branches, soutenue et tendue par un galon en jaune XIIIe, décorée d'une frette, notre évêque se dresse, dans un geste d'accueil et de bénédiction, debout sur un sol de carreaux jaunes dont la trame des joints s'inscrit dans une perspective de profondeur.
Un nimbe d'un brun rouge-carmin encadre une mitre, malheureusement pas d'origine, ce qui est le cas aussi de la crosse de son bâton pastoral. Le visage, heureusement d'origine, en verre rose plaquée a perdu une grande partie de son dessin. On peut cependant y relever l'expression d'une certaine paix.
Le collet d'une aube dont nous retrouverons la manche droite et le bas traînant sur le sol, laissant apparaître le soulier gauche, s'échappe d'une chasuble réversible rouge et verte décorée d'un orfroi, en forme de croix, pour lequel il est utilisé un verre incolore et du jaune d'argent. Cette chasuble est portée sur une tunique, ouverte sur les côtés. Le mouvement du bras et de la main droite relève cette chasuble, ce qui est bien indiqué par l'élément horizontal de la croix. Cette chasuble, peut être à cause du poids de l'étoffe et la pose plus basse de l'autre bras, tombe plus bas de ce côté, en dévoilant sa doublure de couleur verte.

Les deux mains et les bras, seul celui de droite est visible, sont habillés de gants exécutés dans un verre bleu clair et plaqué sur verre blanc. Ce plaquage de bleu a permis de dessiner des bijoux, après la dépose de la plaque de bleu et l?ajout sur le verre blanc de jaune d'argent, Il s?agit, sur le pouce de la main droite, d?une bague et, sur l'autre main, en plus d'une bague sur le médius, d?une incrustation sur le dos du gant de cinq pierres montées en croix .
Saint Michel, seconde lancette.
Il est revêtu d'une armure, réalisée en verre d'un bleu gris clair, , le même que celui des gants de saint Corentin. Le casque est absent. Le même verre est utilisé pour le bouclier (7) les gantelets. Malheureusement do la grisaille a disparu. Cela est dû, semble-t-il, à la qualité de ce verre.
Cet archange, portant serre-tête avec petite croix et nimbe rouge, se dresse sur des jambes écartées.

Quant au monstre, renversé sur le sol, le bâton de la croix dans la gueule, il essaie, avec ses dents et d'une patte aux doigts crochus d'en freiner la rentrée.
La composition de cette lancette, comparée à celles de saint Corentin, du donateur ou de l'écuyer, offre, avec celle de saint Christophe, un dynamisme apporté par les divers éléments dont elle est composée : le démon la tête en avant; les jambes de saint Michel, sa croix, le bras droit ouvert tenant l'épée aux quillons recourbés; le gauche ramené sur la croix.
Ces éléments, épée, bras, guident notre regard le long de la croix jusqu'à la bête. Le tout sur un fond de tenture que déchire à droite et à gauche les ailes aux ramiges violettes et couvertures vertes et un sol, en verre incolore au dessin très effacé, semé de cailloux et de plantes colorés au jaune d'argent.

Le visage de saint Michel, en verre incolore mais bien effacé, révèle quand même une pose un peu penchée d'un quart sur sa droite, vers le démon. Ses cheveux, bien séparés et coupés aux épaules, tombent des deux côtés.
Sur le bandeau jaune apparaît le texte MIKAEL : ARCHANGE.
L'écuyer, troisième lancette.
Gentilhomme qui accompagne un chevalier et porte son écu, ou jeune noble non encore armé chevalier.(8)
Quant à moi, je pencherais pour la première définition. Il s?agit bien d?un chevalier, il porte bien l'écu. Qui est-il? Le Men y voit les armes qui rappellent celles de Lezongar de la seigneurie de Pratanras, en la paroisse de Penhars, actuellement en Quimper.

Ces armes devraient être d'azur chargé d'une croix d'or cantonnée à dextre d'une fleur de lys de même, ce qui n'est pas le cas ici avec trois autres fleurs de lys. Ce blason est inconnu au Nobiliaire et Armorial de Bretagne. Ces armes se retrouveront dans la baie 114, avec Ronan de Lezongar ( mais XIXe) ainsi que dans la baie du choeur 106(9) avec un probable Paul de Lezongar. Quant à la place, au centre, de cet écuyer, nous ne pouvons que la constater. Est-ce une idée de Le Men ou du restaurateur XIXe, ici Lusson ou Lefèvre(10).
Au-dessous du choeur à la voûte rouge, le bandeau jaune, aux enlevés au bois dessinant des motifs floraux, tend un rideau couleur lie de vin sur lequel se détache l'écuyer. Il est coiffé d'une toque verte au graphisme de feuilles proche d'une couronne de lauriers, d'où s'échappe un panache blanc. De la main gauche, non protégée comme l'autre par des gantelets, cet homme tient une lance, dont la partie finale est identique à celle que Mantegna met dans la main de saint Georges(12)et dont le haut se pavoise ici d'une oriflamme à deux pans qui prend le même sens que le plumet de l'écuyer.

Visage, en verre rose plaquée sur blanc et d'origine, aux longs cheveux au jaune d'argent et aux enlevés à la pointe. Yeux très noirs, perdus dans le vague, qui donnent un regard froid à ce visage encore jeune, et très légèrement tourné vers sa droite; nez fort, double menton.
Un collet en cotte de mailles sort d'un justaucorps bleu, non serré à la taille, aux manches courtes, où règne les armes des possibles de Lezongar. Armes que l'on retrouve sur le bouclier posé à terre, et qu'il tient de la main gauche. Les jambes protégées par des cuissards, genouillère et jambières, et les pieds par des solerets, reposent sur un sol bleu-vert, aux multiples plans.
Saint Christophe.quatrième lancette.

Alors que le saint Christophe de la baie 115 lutte contre le courant, les deux mains sur le tronc d'arbre, celui-ci est trapu, solide, les jambes bien plantées dans le torrent qui coule, de gauche à droite. Son arbre bâton y est bien planté, la main droite le prenant tout en haut au pied de la fourche. De la gauche il maintient l'Enfant Jésus, dont le pied gauche est probablement dans cette main.
La composition de ce personnage, sur fond rouge lie de vin, à damas, révèle un auteur qui semble appliquer une construction du dessin faite d'obliques se succédant. La main droite, le visage, la seconde main suivent une droite qui rencontre à angle droit une seconde, donnée par le manteau blanc et le genou. Cette oblique est de plus reprise par la jambe droite qui semblent, sous l'eau, rejoindre la gauche, dessinant un Z que l'on retrouve dans le haut du saint Michel.

Cette composition est calée par le bâton dont la verticalité annonce celle de l'enfant Jésus dont les doigts de la main droite sont ici levés. La jambe gauche, jusqu'au mollet dans l'eau, répète en bas cette verticalité. L?eau du ruisseau, dont il ne reste du dessin, que le négatif d'un courant dressent des vagues aux crêtes d'écume
On peut, en voyant ce saint Christophe, sans nimbe, penser à Hercule, qui comme lui est né pour servir, mais aussi à toutes les représentations de ce saint, parfois géantes, que le clergé du XVIIIe jugeait tout juste digne d'amuser les enfants et qu'il fit détruire, lui que le peuple venait implorer pour éviter la mort subite, en tant que patron du passage en l'au-delà.
Robe verte, courte et ouverte sur le devant, fermée par deux boutons sur le côté droit, manteau blanc jeté autour de la taille et sortant par-dessus le bras gauche. Visage d'origine en verre rose, barbe fournie, cheveux avec de larges crans, nez fort, vu du dessous, yeux profonds et noirs sans iris, qui se tournent vers l'enfant dont la main gauche présente le globe terrestre, en jaune d?argent sur verre incolore, surmonté de la croix, en verre incolore comme le visage et le nimbe crucifère et dont le visage, encadré de cheveux sur jaune d'argent, est éclairé par deux petits yeux regardant dans le lointain.

La scène se déroule sur fond de tenture à damas, de couleur bleue, identique à celles de saint Corentin et saint Michel, et galon jaune XIIIe avec texte, coupé par le nimbe rouge de saint Jean, où l'on peut lire VN AVE : MTDOVE. Au-dessus, le choeur offre ses voûtes couleur vieux rose.
L'on voit ici le premier couple chanoine donateur et saint patron intercesseur du transept. Cet exemple de chanoine donateur se répétera autant dans ce transept que dans la nef, et cela dans la continuité des baies hautes côté Nord du choeur.
Que cherchent-ils par leur image: affirmer leur place au sein de l'église, contrecarrer par leur image la place prise par le monde féodal dans cette figuration, ou, tout simplement, comme cela est écrit dans les Statuts de Tréguier en 1455, mais cela pour les laïcs, soit par dévotion, soit par ambition et vanité?
La peur de la mort se doit d'être bien pour quelque chose dans cette effigie et semble être bien indiquée par la présence du saint patron, intercesseur et garanti du salut dans l'éternité. Le don rentre aussi en ligne de compte. N'accroît-il pas, comme le dit Roger Barrié,(14), <<les mérites individuels et constitue un poids à jeter dans la balance du jugement dernier>>? Il ajoute que << Les mérites, que le saint protecteur présente, effacent l'interrogation personnelle devant la mort et la crainte du néant. Il ne faut pas négliger le souci de gloire éternelle. >>

Il est donc là ce chanoine donateur, en orant, à genoux devant son prie-Dieu recouvert d'un tissu vert décoré de son écusson écartelé d'or et de gueules. Le livre de prière, ouvert et à tranche dorée, porte l'indication de neuf lignes sur la page de gauche et dix sur celle de droite.
La tête et les mains sont exécutés dans un verre rose plaquée, dont la fabrication en plateau est signalée par des courbes concentriques visibles sur le verre.(15) Pour la chape, très longue et ample, l'auteur utilise le jaune XIIIe sur lequel il pose un dessin à grand damas. Les pièces de verre sont assez grandes, et l'on peut comprendre pourquoi l'une n'a pas la même teinte ni la même qualité de grisaille bien qu'elle soit ancienne, possible restauration postérieure.
L'orfroi, en verre incolore, présente sur les bords un filet de perles blanches entourant un motif central répétitif composé de deux amandes opposées tête-à-tête et encadrées de couples de perles. Les ombres portées sont posées à la grisaille. Un fermail, ou plutôt mas de chape, décoré d'un grand losange, maintient les deux pans de cet habit, dont la doublure violette apparaît dans le plis du bas, tandis qu'un élément de l'orfroi, en forme de demi-écu, apparaît au dos, orné d'une niche avec un saint, sans attribut visible. Un élément de surplis encadre les mains jointes.

Le visage, aussi en verre rose, vu de trois quart, comme le personnage, vit de deux yeux noirs sans iris, typiques de cette baie. Le nez fin est poi

Manteau rouge, découvrant l'épaule droite d'une robe lie de vin, aux manches courtes, ici encore un v

L'agneau au nimbe crucifère, la tête tournée vers saint Jean et allongé dans l'autre sens sur le livre de biais, est dominé par la croix à l'étendard qu'il doit tenir entre ses pattes. La ferrure séparant les deux panneaux a facilité à l?auteur l'absence de recherche de dessin. Cette croix aurait du être tenue par une de ces pattes, mais ici, seule une patte, celle du train avant, est visible. Pour l'exécution de cette pièce, un verre verdâtre a été choisi.
Les socles.
Au nombre de cinq, un par lancette, ils offrent trois faces, dont la principale est coupée dans une pièce de verre incolore de 33 sur 21 centimètres.

Le socle repose sur deux contreforts angulaires, dont la perspective, en les présentant de biais, augmente leur puissance. Deux autres contreforts, bien plus légers, effet dû à la perspective, soutiennent eux aussi cette architecture répétitive, percée de quatre ouvertures longilignes et cintrées, sous une moulure comportant un bandeau et un boudin encadrant un congé décoré de feuillages au Jaune d'argent.
Un pignon ornemental et pointu, agrémenté et couronné de fleurons, surmonte une ouverture à contre-courbe, et découvre une croisée d'ogives, au-dessus d'un sol de couleur bleu-vert dont les traits de grisaille dessinent des volutes qui se serrent en avançant vers le fond. Aucune colonne ne monte de ce socle vers le dais
Les dais
Edifice de soixante six pièces, en verre incolore sur ciel, tour à tour de

Dans la nef et le choeur, cette lumière dans la presque totalité, vient de l'Ouest, que cela soit pour les baies du côté Nord ou Sud.
Le clocher tour, dont seules trois faces à petit pignon sont visibles, se termine par un gros fleuron(16)de verre de couleur que deux pinacles encadrent. Le jaune d'argent côté extérieur, et le trait de grisaille face intérieure, sur un lavis tamponné avec enlevés au bois et à la brosse, sont omniprésents aux trois étages de cet édifice, dont le second offre ses volés, ces arcs-boutants, ses pinacles, ses claires voies sur le ciel de couleur. Au-dessus du choeur, le premier étage offre des gables ornementaux, pointus aux courbes parallèles et concaves encadrant un écoinçon, le tout entouré de deux choux. Deux culées maintiennent la poussée de l'ensemble, tandis que deux cules de lampes annoncent deux colonnes se terminant en pinacle au deuxième étage.
Cette fin du XVe est en plein dans << l'apprentissage des lois de la perspective.(17)>>, et ces architectures, de toutes ces baies de la nef et du transept, offrent les premiers balbutiements.
Les verres et la peinture.
La palette de couleurs de cette baie est assez riche, surtout dans les verts. Cela est peut-être due à la diversité de teintes dans une même feuille, ce qu'il est possible de relever dans l'herbe au-dessous du saint Christophe, ou dans la doublure de la chape de saint Corentin. Il en est de même pour les bleus, bleu de l'écuyer et bleus des rideaux. Les plaqués se trouvent avec les rouges, plus ou moins forts et qui ont bien tenu, le violet cendre du démon plus fragile, dû à l'épaisseur du placage, comme c'est le cas de la robe de saint Jean, les roses des visages, mains et jambes, ici ayant bien traversé les âges. Est-ce à cause de la qualité du verre ou de la grisaille, ou d'une mauvaise cuisson que le visage du saint Corentin est devenu si pâle? Nous ne saurons y répondre. Présence omniprésente du Jaune XIIIe. Parmi les verres incolores des dais, nous avons trouvé certaines de ces pièces bombées, effet plutôt dû à la cuisson, et portant des taches de jaune d'argent provenant d'une superposition, là aussi dans le four lors de la cuisson, la pellicule de plâtre les séparant devant être trop fine. Ce défaut, si l?en est un, nous l?avions aussi trouvé dans les baies hautes du choeur. On peut relever une trame horizontale et parallèle de 21 et 22 centimètres de haut est portée sur toutes les lancettes(18)
Les gravures de repères(19) posées du côté extérieur sont peu nombreuses et se trouvent essentiellement sur les verres de couleurs des ciels et des fleurons supérieurs des dais en a4 et d4.
Une autre gravure répétitive, verticale et de trois centimètres, toujours du côté extérieur, se trouve au milieu du panneau d4, et sur plusieurs pièces. Indique-t-elle que le panneau était mis en plomb, la face peinte, qui est posée du côté intérieur de l'édifice, sur la table de montage. Ce trait permettrait d'établir des côtés parallèles lors du montage? Cette gravure nous le retrouverons sur d?autres baies.
La coupe des verres est dans l'ensemble assez facile, cela étant du à la simplicité du dessin, qui montre une certaine maîtrise du métier de la part de l'auteur.
La grisaille employée est un mélange de brun et de noir, à quantité égale, et très intense lors de l'application au trait. Après la dépose en lavis, elle est tamponnée du côté intérieur, tandis qu'elle n'est juste posée qu?en lavis sur l'autre face, ombrant certains endroits Les enlevés sont au bois et à la pointe. Des hachures(20) aux traits de grisaille et en enlevés se retrouvent autant sur les vêtements que sur les visages, mais avec une certaine sensibilité et sans démesure. La sanguine n'est pas encore employée.
Le jaune d'argent est posé régulièrement, avec les changements de tons qu'apporte la cuisson et le verre.
Les cratères, petits comme des têtes d'épingles, exemple : démon, et robe de saint Jean, plus importants sur certaines couleurs, sont nombreux sur la face intérieure et quasiment absent sur l'autre face (21)
Notes.
1, R.-F. Le Men, Monographie de la cathédrale de Quimper, p.243-244,
2, R.-F. Le Men, op. cit. p.134. De plus, le même auteur, p. 125, signale qu'à la mort de Thibaut de Malestroit, évêque de Quimper en 1479, Jean Le Baillif fut élu par le chapitre pour lui succéder mais ce choix ne fut pas agréé par le duc de Bretagne.
3, Abbé Alexandre Thomas, Visite de la cathédrale de Quimper.1892 p.117, et La cathédrale de Quimper, 1904, p.51
4, Arch. Dioc. Quimper, Registre de Boisbilly, 8 L 1.Oncle d?Aymar de Blois, l?abbé de Boisbilly avait dessiné l?architecture des fenêtres de la cathédrale en pleine page de 1770 à 1772. Ce travail, il devait le compléter par la suite avec les dessins des vitraux, mais il fut malheureusement appelé à d?autres fonctions. A. de Blois, héritant de ce registre, en fait don à l?évêque André, le 5 janvier 1804, mais le ré annote en 1820 et 1821 et donne alors la description des vitraux et leur état. Il le remit de nouveau à l?évêque de Quimper, Mgr Graveran, le 5 septembre 1842 <<pour l?usage de la cathédrale >>. Il rajoute << malade d?une fluxion, charge son fils Louis de le remettre à l?évêque>>
5, P.Potier de Courcy, Nobiliaire et armorial de Bretagne, p.35 et 105.
6, R.F. Le Men, op. cit. p.24,
7, Dans la baie 131, il possède un bouclier et dans la baie 109, un casque avec heaume relevé, et l'épée dans le fourreau.
8, Dict. Petit Larousse.
9,Le Men, op. cit. p. 28.
10,Lefèvre Léon, atelier, 21 rue de Laval, Paris. Collaborateur Maréchal, Lusson, Lechevalier-Chevignard (1879) Michau. Succède à Lusson, signature difficilement lisible par perte de grisaille sur baies 113 et 115.
11, Pour les seigneurs de Prat ar Raz voir notes baie 114.
12,Musée de l'Académie, Venise, vers 1460.
13,P.Potier de Courcy, op.cit. seigneur de Kersimon et de Kerouledic, paroisse de Plouguin. Références et monstres de 1427 à 1503 à la dite paroisse de Plouguin.
14, Roger Barrié, Thèse, de IIIecycle U.H.B. U.E.R des Arts, Rennes 1978. p. 113
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16.<< L'art gothique imite de préférence les bourgeons et les feuilles enveloppées du commencement du printemps. >> Emile Male, L'art religieux au XIIIes.
17, Emprunt à Ekaterina Zolotova, Livres d'heures, Ed. D'Art Aurora, Lenningrad, Ars Mundi 1991. Dans ce livre, cet auteur signale que l'artiste Tourangeau, Jean Fouquet (1427?-1480) fut le premier artiste français à se rendre en ltalie, et qu'il y découvrit la perspective lors de son premier voyage. Dans La Perpective en Jeu de Philippe Comar, édition, Découverte, Gallimard, nous relevons que vers 1415, Philippo Brunelleschi réalise une première expérience sur les grands principes de la perspective, que reprendra Leon Battista Alberti en 1435 dans son traité Della Pittura. Quelques années plus tard, Piero della Francesca sort son manuscrit De Prospectiva pingendi. Quant au, premier traité de perspective imprimé, il date de 1505 et est du à Jean Pellerin.
18.Ce rythme en hauteur, nous le trouvons dans de nombreuses verrières des XVe et XVIe comme Sainte Cécile en Briec, le Pénity en Locronan, la Vie de la Vierge posée dans l'église neuve de Concarneau. Il en est de même pour les baies hautes du choeur de la cathédrale de Quimper.
19, J.P.Le Bihan, Gravures de repère sur les vitraux bretons des XVe et XVIe. Bulletin de la Société Archéologique du Finistère, T.CXXII
19 bis, chaque lancette d?une baie reçoit une lettre a, b , c, d , e etc. de gauche à droite. Les panneaux sont numérotés de bas en haut. Ainsi a1 est le premier panneau du bas de la première lancette de gauche
20. Les hachures n'ont rien à voir avec la gravure comme l'ont écrit certains auteurs. Il s'agit d'un procédé et une façon d'ombrer. A la même époque, nous trouvons l'application de ces hachures dans de nombreux livres d'Heures. Certes nous n'y trouvons pas de hachures en enlevés, mais la pose d'une teinte plus claire. Un autre procédé, que l'on retrouve en vitrail, est la pose de jaune orangé, par tache ou hachuré, sur les visages et partis du corps humain. Cela n'est pas sans rappeler certains emplois du jaune d'argent, autant au XVe qu'au XVIe
21, Etat des vitraux de la cathédrale Saint-Corentin eu milieu du XIXe siècle par le baron de Guilhermy, document communiqué par M.Couffon. BSAF, t.LXXXIX. 1963, p.xcvii et suivantes.
<< Le baron de Guihermy, membre de la Commission des Arts, visita Quimper le 2 octobre 1848 et rédigea un mémoire d?après ses notes. Nommé membre de la Commission des Monuments Historiques en 1860, il entreprit un voyage en France et séjourna à Quimper du jeudi soir 28 octobre 1862 au samedi 30 à midi et compléta alors ses premières notes>> Son mémoire a comme référence : B.N. Nouv.aq.fr. 61006, p.335 et suivantes. Les baies n?y sont pas numérotées et distribuées en cinq lieux : Vitraux de la chapelle des fonts, vitraux de la Nef, vitraux du transept, vitraux du choeur, vitraux de la chapelle terminale.
Pour la baie 113, qui nous intéresse, nous pouvons relever dans ce mémoire : un personnage debout, imberbe, coiffé d?une toque verte à plume blanche, portant une armure et pardessus une cotte d?azur à la croix d?or cantonnée de quatre fleurs de lys de même. Il tient de la main gauche une lance à banderole blanche et s?appuyant de la droite sur un bouclier blasonné comme la cotte. Ne sait-ce pas saint Louis ? Il s?agit de l?écuyer de Prat ar Rouz
Saint Michel vainqueur du démon ; saint évêque bénissant, décrit comme saint Corentin par Aymar de Blois, saint Christophe passant l?eau avec le Christ sur son épaule, qui peut être aussi bien celui de la 115