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31 août 2006 4 31 /08 /août /2006 05:38

 

 

 

PATCHWORK SUR LE VITRAIL ET l’ART RELIGIEUX AU XIXe.

 

Ou, accumulation de notes prises au cours de X années

en rapport avec le vitrail

 

 

Cf. Maurice Denis,Flammarion, 1939 p.282.

" Tous ceux qui chantaient " sauvez Rome et le France " tous les souscripteurs du Vœu National de Montmartre n’étaient guère préoccupés de la stagnation de l’artcatholique. Générosité absorbée par la défense de l’Eglise et de la papauté, par la Propagation de la Foi, par la propagande contre révolutionnaire, par les cercles ouvriers ou les Missions étrangères

 

" Bondieuserie mercantile "

 

" le vitrail restera le plus navrant témoignage de l’indigence de l’art à la fin du XIXe siècle ; des artisans habiles, de bons restaurateurs de vitraux anciens, ont déshonoré d’innombrables églises par des productions offensante pour l’œil comme pour l’esprit. "

 

Connaissance des Arts n° 417,Novembre 1986.

 

La peinture religieuse au XIXe.

 

Suite à un véritable " revival " de la pratique religieuse, après la déchristianisation de la fin du XVIIIe siècle et la crise révolutionnaire, l’Eglise entre dans une période d’expansion qui culmine sous le Second Empire. C’est le temps des saints, des apparitions, des proclamation de dogues. C’est l’époque de la floraison des clochers dans les campagnes et les villes. On ne va jamais tant construire d’église et cela depuis le moyen age. Les église néogothiques, néoromanes, néoceci ou ça ne sont pas des pastiches mais bien des créations originales avec des références volontaires au passé.

 

Les Goncourt en 1855 : la peinture religieuse n’est plus. Comment jaillirait-elle avec ses ardeurs et ses naïvetés anciennes, de ces triomphes de logique, de ces apothéoses de la science qui sont notre siècle même. "

 

Montalembert, 1837 : " il n’y pas d’art religieux en France, ce qui en porte le nom n’est qu’une parodie. "

 

Le XIXième siècle est l ‘époque de l’abondance des sujets religieux dans les Salons. Il faut prendre exemple sur les époques de grande foi. Il faut peindre comme Angelico, doux et pieux, à genoux, les primitifs sont des purs. Ainsi s’introduit la passion de l ‘archaïsme.

La piété des peintres, thème qui ne cesse de réapparaître lorsqu’on parle d’art sacré ne garantit certes pas le talent.

 

La grandeur du XIXe siècle est dans la diversité.

 

"  Religion profondément triste, de la douleur universelle " Beaudelaire.

" Beaudelaire

 

Le besoin spirituel est alors général, c’est une peinture de l’âme. Il n’y a pas que l’art pur, il y a aussi l’Enterrement à Ornans. A l’heure actuelle ou les grandes scènes de bataille où les fresques d’histoire sont en grande partie remplacées par le cinéma, pourquoi l’histoire religieuse ou la peinture religieuse n’a pas plus de succès ?

 

LA COMMANDE DE VITRAUX AU XIXe

 

Elle le fut souvent par le biais des ecclésiastiques. L’exemple du verrier Thibaud de Clermont-Ferrand peut nous éclairer. Membre de diverses sociétés archéologiques, il rencontre ces ecclésiastiques férus d’archéologie qui ont un grand pouvoir de décision dans leur diocèse, comme ce Cardinal de Bonald qu’il avait connu en Auvergne en tant qu‘évêque du Puy ( 1823 et 1839). Il put ainsi obtenir des commandes dans tout les diocèses où ce prélat exerça ce ministère. Comment arriva-t-il jusqu'à Morlaix, en Finistère, en 1868, avec un seul vitrail ? probablement par ce biais. Il ne laissa aucune autre œuvre dans ce diocèse.

 

 

Un autre verrier, Lucien Bégule, s’attache la bienveillance du corps ecclésiastique en lui faisant bénir ses ateliers et en leur offrant un vitrail à la cathédrale de Lyon.

 

 

Un autre verrier est Charles Emile Hirsch dont la période d’activité va de 186O-1900. Il est bien vu du clergé et de l’évêque de Quimper, dont il fait le portrait en 1852.En 1864, ce même évêque dit de lui qu’il est le seul verrier capable de composer un vitrail en rapport avec un monument gothique, avant de lui confier la principale fenêtre de la basilique du Folgoët. Heureux du succès de l’œuvre, l’évêque continue : "  Je suis décidé à vous donner une nouvelle verrière … je vous recommanderai à mon clergé.. " De ce dernier on trouve, ,suite aux interventions de cette personnalité, une pléiade d’œuvres plus ou moins réussies dans le diocèse.

Des restaurations postrévolutionnaires des vitraux de la cathédrale de Quimper ; BSAF, tomme CXXVII, 1998. Jean-pierre le bihan.

 

 

Un autre verrier, Lucien Bégule, activité 188O, 1920, s’attache la bienveillance du corps ecclésiastique en lui faisant bénir ses ateliers et en leur offrant un vitrail à la cathédrale de Lyon.

Les revues religieuses transmettent au clergé une bonne publicité par leurs articles critiques.

 

Au début du XXe siècle, les Saluden de Brest semblent avoir des travaux de vitraux, grâce à un abbé Louis Saluden, archéologue, historien, chanoine, frère du mari et ami d’un évêque coadjuteur et d’autres prêtres collègues du séminaire, devenus recteurs, chânoines, etc.

 

 

LE DEMARCHAGE AU XIX et début XXe

Dans le choix d’un atelier, le recteur ou curé est-il influencé par une personnalité locale qui connaît l’atelier ou a des attaches avec des personnes proches de cet atelier ? L’on a vu plus haut aussi que l’influence de monseigneur Sergent a ouvert le diocèse à un verrier qui en est étranger, en la personne de monsieur Hirsch.

 

A cette époque et même dans la première moitié du XXe siècle, il y avait aussi des représentants multi-cartes, proposant vitraux, lingerie d’autel, vêtements liturgiques, cierges, orfèvrerie, mobiliers, etc. . qui faisaient du porte à porte des évêchés, des presbytères, des congrégations.

 

 

Dans le département du Finistère, le plus important, au XXeime siècle était un certain monsieur Paul qui tenait encore boutique place de la Cathédrale jusqu’aux années 1970. Il circulait, de presbytère en presbytère, durant la guerre en vélo, avec, parmi d’autres catalogues, des maquettes de vitraux de verriers, entre autres ,de l’atelier Nantais Razin, et de l’atelier Maummejean, ce dernier ayant des ateliers à Paris et Hendaye.

 

La publicité écrite existait aussi. Il ne faut pas non plus négliger des 1840, le matraquage de publicités, parfois attrayantes, auprès des curés et recteurs, ni le support qu’était la Semaine Religieuse, avec leur propre encart publicitaire, souvent inventaire de la localisation de leurs derniers travaux, lecture indispensable, en dehors du bréviaire alors obligatoire, des membres des presbytères. Et puis, il y avait le bouche à oreille, le vitrail était et est au cours du XIXe et après, un sujet de discussion des repas de cures.

On peut noter et cela est intéressant qu’un recteur ou curé, doyen ou pas, apportait souvent avec lui ou derrière lui, lors de ses nominations successives, le verrier avec qui il avait travaillé auparavant, et même sympathisé. Il faut bien dire qu’à cette époque la cure avait sa table ouverte, et elle servait souvent d’hôtel au verrier et aussi à ses poseurs. Cela s’est continuée jusqu’en 1960. Je me souviens très bien de l'accueil,de la qualité des lits de certain presbytères, parfois une chambre prévue pour loger l'évêque, ou autre personnalité,  lors de sa tournée annuelle. Le recteur, c’est lui qui paye le plus souvent les travaux, bien que l’argent vienne le plus souvent de dons, Les vitraux en porte les témoignages. Les mairies étaient très peu sollicitées.

 

La puissance des chanoines était aussi importante dans cette propagation du vitrail. Des tracts publicitaires en sont les témoins. On y citaient, sans pudeur, les lettres de félicitations de ces messieurs sur le travail accompli.

 

 

LE VITRAIL XIXe

 

 

"  La peinture sur verre étant un art essentiellement monumental, on a posé comme axiome que les vitraux doivent toujours être en harmonie avec les monuments qu’ils décorent… On doit exclure des vitraux bien des détails qui sont au contraire une excellente ressource dans la peinture ordinaire….. De nos jours…. on a eu la malheureuse idée de faire répéter des tableaux des maîtres célèbres. Le résultat est peu satisfaisant…. Il est essentiel de laisser les têtes lumineuses, c’est par elles que la lumière doit arriver lorsque les vitraux sont vus de loin… La composition exige la plus grande simplicité, surtout très peu d’effets de raccourcis, pas trop de têtes de profil, peu de détails…. Les couleurs les plus vives appartiennent de droit aux principaux personnages… il faut se défier du prétendu effet résultant du mélange des rayons colorés. .. Dans un édifice, inconvénient d’éclairer à la fois par des lumières colorées et par des lumières plus vives incolores. ….. que la lumière transmise dans l’édifice y pénètre à l’exclusion de toute lumière blanche " Manuel Roret, La Peinture sur Verre. 1866.

"  En résumé nous pouvons dire qu’à l’époque actuelle nous faisons mieux que les anciens. Vu par une encyclopédie ! Mais aujourd’hui comme autrefois ces verres colorés ne présentent que des couleurs plates ; ; ; En matière de peinture sur verre, si l’on veut un travail durable et artistique, il ne faut pas chercher le bon marché, car sûrement plus tard on le regretterait. "

 

Plus loin, il signal " l’imitation des vitraux peints en une impression de couleurs sur des feuilles de gélatine que l’on colle sur le verre. Les maisons ont des catalogues ! "

 

Quel vitrail allez-t-on donner au XIXe siècle ? On peut dire qu’une concurrence s’établit entre deux " religions ", le vitrail tableau et le vitrail archéologique, débat soutenu et activé par les théoriciens , les praticiens et critiques de l’époque

 

Le vitrail tableau.

 

" Il ignore la division de la baie en lancette, s’étend sur toute la baie, son échelle est plus grande, même de coupe de verre. On y transpose des gravures du XVII et XVIIIe "  Catherine Brisac.

On peint avec des émaux, plombs et armatures plus ou moins volontairement dissimulés. Dans le Nouveau Manuel Complet de la Peinture sur Verre, 1843,un technicien, du nom de Reboulleau, avance que l’obscurité des vitraux des XIIe et XIIIeime siècle ne correspond plus aux mœurs de l’époque

 

Le Vitrail archéologique.

.

 

Le vitrail est plus littéraire que pictural, plus anecdotique et narratif qu’il ne faudrait. C’est l’époque de " Salammbo " de Gustave Flaubert, c’est l’époque des romans archéologiques qui enchantèrent la naïve et ignorante bourgeoisie française. Les découvertes de Pompéi et d’Herculanum au milieu du XVIIIe favorisent la goût néo antique. David, Delacroix, Ingres admirent l’antique, s’en servant ou l’adoptant plus ou moins .La renaissance catholique qui suivit la signature du Concordat est propice à l’avènement du gothique et, par là, le retour aux sources qui, pour eux, étaient le Moyen Age, un Moyen Age artificiel. On ouvre une chaire d ’histoire au Collège de France, on fonde l’école des Chartes ( 1821), les sociétés Savantes apparaissent dans diverses villes, la Société Française d’Archéologie né en 1833.

 

" imitation pseudo médiévale dont les variantes sont très nombreuses. Pastiche des formules en usage au XIIIe siècle " Catherine Brisac.

 

La technique en est du verre teinté dans la masse, verre aussi peint avec des émaux, inclus dans un réseau de plombs très serré, et pièces de verre de petites dimensions, archaïsme studieux qui amènent à composer les cènes dans des médaillons de formes diverses, à poser les personnages dans des architectures avec socles et daies.

Ce patchwork se continuera une prochaine fois.

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