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9 juillet 2009 4 09 /07 /juillet /2009 16:37
TREGUENNEC  commune du fnistère






Eglise Notre-Dame (Inscrite à l'inventaire supplémentaire des Monuments historiques) , anciennement chapelle Notre-Dame de Pitié. 
 
                    1786.Madame de Baude de Saint-Père agissant au nom de son fils mineur décida d’employer la manière forte en envoyant d’office un maître verrier pour placer ses armoiries dans la maîtresse vitre de la chapelle neuve à la place de celle de cet usurpateur. Voyant cela un témoin, sonneur de cloches, prévint la seigneur du lieu, Hervé Le Bastard, celui-ci se saisit de l’échelle et fit culbuter à terre l’imprudent exécuteur et les armoiries toutes fraîches du Baron. Procès qui dura 48 ans. Jakez Cornou. p.24


A cette époque proche de la Révolution, les Le Baud possèdent les deux seuls manoirs: Kerguiffinec et Saint-Viaud. Il étaient aussi seigneur  de Mesmeur en Tréméoc. Ses armoiries étaient d'Argent à trois fasces de gueules, lpremière fasce étant surmontée de trois hermines de sable, blason que l'on retrouve dans le réseau du vitrail sur la Passion.



Des Passions


Il est difficile à l’heure actuelle, après tous les transferts et restaurations qu’ont subis  à travers les siècles certaines Passions, de savoir si elles appartenaient au cycle des Grandes ou Petites Passions.
Photos de Pol Lucas 1992

Sur les grandes, on voit la scène du Crucifiement (La Roche-Maurice) entourée sur les côtés et dans le bas de la Passion du Christ, allant de l’entrée de Jérusalem et se terminant par la Résurrection. Dans ce vitrail on dénombre 14 de ces épisodes.

Dans les petites Passions, et celle de Tréguennec en fait partie. Il s’agit du moment où le Christ se trouve sur la croix, le bon et le mauvais larron l’accompagnent. La Vierge en pâmoison est soutenue par saint Jean et Marie Salomé, Marie-Madeleine se trouve au pied de la croix. Joseph d’Arimathie caracole. L’éponge est présentée au Christ tandis que son flanc droit est percé d’un coup de lance.
Des soldats romains apparaissent dans le fond. Au premier plan d’autres soldats se partagent avec hargne le manteau du Christ. Cet épisode n’existe pas à Tréguennec ou a dis-paru lors du bouchage du bas de la fenêtre qui a amené à remonter le sol.


La verrière de Trèguennec



C’est une verrière quasiment inconnue. Le chanoine Abgrall, grand chercheur des XIXe et XXe siècles ne la signale pas. Ottin, un maître-verrier français, chargé entre autres des vitraux de la cathédrale de Quimper et auteur d’un livre sur le vitrail en 1904 ne la cite pas dans les verrières finistériennes. Couffon, plus près de nous, auteur de nombreuses études sur le vitrail en Bretagne, en parle très peux si ce n'est dans la bulletin de la société archéologique du Finistère en 1910, dans son répertoire des églises et chapelles. et au dictionnaire des églises de France avec Le Bars en 1968

 Cette Passion fut classée en 1958. Peut-être l’avenir nous amènera plus de renseignements.Dernièrement, Françoise Gatouillat dans le Corpus Vitrearum "Les vitraux de Bretagne" la présente.


Aucune étude ni iconographique ni stylistique ne semble avoir été faite

.
Nous ne pouvons qu’avancer avec prudence une datation possible des années 1570-1575. L’auteur est semble-t-il un des membres de la famille des verriers Le Sodec de Quimper. Atelier qui travaille: à Nantes en 1480, à la cathédrale de Quimper en 1514, et en 1520 à Kerfeunteun en Quimper, vers 1539 à Plogonnec, à Brasparts en 1543, en 1566 à Quéménéven.

Seule une étude pièce par pièce, lors d’une restauration peut permet-tre une comparaison avec d’autres verrières.

D’après des témoignages de personnes vivantes, la verrière présentait il y a une trentaine d’années de nombreux manques. Elle aurait été restaurée en avril 1964.

Concernant le tympan, la partie supérieure avec les mouchettes, est en grande partie d’origine. Seules les deux blasons sont récents.ils sont ceux des Le bastard etDe Baude. La petite pièce centrale, ronde avec bordure, est ancienne mais d’une autre provenance. On y voit une petite crucifixion avec la Vierge et saint Jean. Il s’agit d’une rondelle, oeuvre faite en série, plus ou moins grande, sans idée du lieu définitif. Elle est du XVIe siècle et remplace ici un blason disparu qui pouvait être celui mi-France, mi-Bretagne.

Les armoiries modernes au nombre de deux ont fait l’objet au XVIIIe siècle de procès qui ont duré près d’un demi-siècle entre les sei-gneurs de la baronnie du Pont et les tenants de Kerguiffinec (voir texte ci-joint).

Les vitraux d’origine du tympan présentent des anges avec les instru-ments de la Passion; on peut les comparer à ceux de Guengat dont ils sont très proches.

Un petit panneau ancien! illisible, tout en haut, pourrait être le coq de la Passion,  Ce dernier avec les poissons seraient de 1964.


Une restauration Partielle


Les trois cinquièmes de la verrière sont d’origine, mais on peut déplorer la perte de la lancette centrale (actuellement avec le Christ et Marie-Madeleine très loin de l’original), du panneau B3 au dessous du bon larron et la robe de la Vierge dans le panneau B2. Sur les côtés, le panneau E2 avec la descente de croix du Christ a aussi disparu. Dans la lancette A plusieurs ensembles de pièces manquent dans le lavement des mains et le baiser de Judas.

Le Christ sur la croix devait, dans la partie supérieure, se découper sur le ciel que déchiraient des lances ainsi que l’éponge au bout d’un bambou. Le sol actuel incurvé, devait remonter comme à Gouézec et présenter une colline verte, image de Golgotha.

L’image de Jérusalem céleste devait être représentée dans le fond par des architectures de châteaux gothiques comme à Ploudiry.

Marie-Madeleine, au pied de la croix, l’enlaçait de ses bras, les mains jointes dans la même attitude qu’à Gouézec et Guengat. Elle ne portait pas de bijoux. Par contre on peut découvrir sa tête et ses mains dans les pièces anciennes insérées dans la fenêtre 1.

Au-dessus d’elle se voyait Longin (l’homme à la lance) dont la place dans les Passions en Bretagne est très importante. Sa conversion foudro-yante et son témoignage du Christ furent des éléments qui frappèrent le peuple breton au XVe et XVIe siècles

 A Guengat et à Gouézec, le personnage est dédoublé, ce qui à peut-être été le cas ici, pour une facilité de composition et d’expression. Une première fois, il est représenté per-çant le flanc droit du Christ, ce qui va à l’encontre des arguments d’ordre anatomique qui l’eussent plutôt placé à gauche pour frapper le coeur. La deuxième fois on le trouve de l’autre côté de la croix, levant le bras, proté-geant ses yeux. Une goutte de sang, tombant sur son oeil malade, lui a rendu la vue; image des yeux de l’âme ouverts au message du Christ.

L’omniprésence de Madeleine dans les Passions où elle a des gestes différents : bras ouverts, mains ouver-tes, bras fermés, mains priantes, s’ex-plique par le rayonnement de son culte venu à partir de Vézelay par la voie de la Loire comme en témoigne la création de sanctuaires qui lui sont dédiés à Nantes et à Vannes et par la suite en d’autres lieux de Bretagne. Soeur par l’usage de Lazare, elle était la sainte patronne des lépreux. Le culte de Marie-Madeleine contribua à imposer l’image du repentir de la femme.

Joseph d’Arimathie, à cheval sur la droite, très richement vêtu, ouvre la main vers le Christ dans un geste de dialogue. Il ne porte plus le sabre que l’on voit à La Roche-Maurice (1539). Il se rapproche de ceux de Guengat et de Gouézec, son manteau jaune et rouge sur une jupe verte, a les mêmes couleurs qu’à Guimiliau. L’image et le message de cet homme caché jusqu’à la Passion du Christ, mais qui ne craignit point de rencontrer. Pilate qui se fit reconnaître publiquement pour disciple et protecteur d’un condamné entouré d’ennemis, doit exhorter les chrétiens à l’imiter dans leur hardiesse et leur foi.

Le petit chien, entre les sabots du cheval, est une figure que l’on relève dans toutes les Passions.

Ici, on le voit tourné dans la direction du pied de la croix, hargneux, prêt à attaquer. A Gouézec où la verrière est complète, on comprend son irritation face aux soldats se partageant les vêtements du Christ. Dans grand nombre de verrières, il est calme, indifférent. Parfois même il détourne la tête. Il est peut-être ici le symbole des Juifs, mais aussi celui des hérétiques ou celui des gentils, il est aussi le symbole de la fidélité. C’est lui qui accompagne ses maîtres sur les gisants.



Une mise en scène étudiée


Venons-en aux larrons; la pièce ronde qui les surplombe devait représenter auparavant l’ange qui recevait l’âme du bon larron et le diable extirpant l’âme du mauvais larron.., sui-vant une vieille tradition grecque. Cela se retrouve dans toutes les Passions.photo Antoine Le Bihan, juillet 2009.

Les corps des larrons, encordés, ont été triturés pour les mettre dans l’espace de la lancette mais aussi pour affirmer la différence entre la mort humaine et la mort divine.

Le bon larron, ici, dans une com-position dynamique, présente une longue mèche tortillée par le vent, rappel des événements surnaturels qui eurent lieu lors de la mort du Christ.

Il est à signaler qu’on est en plein dans l’époque du théâtre populaire et toutes les Passions présentent ce caractère théâtral plus ou moins gran-diloquent.

Dans la lancette E, la résurrection du Christ le présente enjambant le tombeau, son corps se déhanche d’une façon plus dynamique qu’à Guengat, cependant proche. Il semble plus élancé qu’à La Roche-Maunce.

Les dais que l’on voit sous ses pieds et sous la scène du lavement des mains ne sont pas sans rappeler la configuration de ceux de La Roche--Maurice. La pièce centrale, proche d’un masque, se retrouve entre autres à Pleyben.

Une symbolique très dense

On peut relever dans la scène du baiser de Judas la présence d’un type de soldats tels qu’on les représentait au Moyen Age, ainsi que la lanterne rustique composée d’une branche fourchue tenant un lumignon. Le lavement des mains est dans l’esprit de toutes les verrières mais ici à l’envers. A noter que le chien de Pilate a disparu.

Le sol pierreux rappelle la Passion de Braspart.

La position à moitié avachie de la Vierge, dans sa pâmoison, est proche de la fin du XVIe siècle. Dans les Pas-sions plus anciennes comme à La Roche-Maurice la Vierge est encore debout. A Lababan elle est assise (1573), à la Véronique en Bannalec (verrière de 1622 disparue en 1947) la Vierge est allongée. La pâmoison de la Vierge révèle le sentimentalisme qui se cristallise sur la Vierge et dont le prolongement s’exprimera dans les Mater Dolorosa.


Depuis les origines, le cycle des saisons a imprégné toutes les reli-gions. Le christianisme l’a conservé et socialisé. Dans les panneaux du bas, les herbes et les fleurs le rappellent. Nous sommes au printemps, image de la résurrection et de la montée de la sève.

Dans la fenêtre 1, en plus de la tête des mains de Marie-Madeleine on découvre des pièces du XVe ou du tout début du XVIe siècle, motifs d’ar-chitecture pouvant provenir de cette église.

Cette verrière a-t-elle succédé à une autre Passion plus ancienne, que l’on a supprimée comme à Guengat pour satisfaire au goût du jour

gra
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